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l’Union, elles sont faites par un Congrès composé de deux Chambres : un Sénat, où chaque État nomme également deux membres, quelle que soit son importance relative, en les désignant suivant le procédé qu’il juge le plus convenable ; une Chambre des Représentans, où chaque État possède un nombre de députés proportionnel à sa population, ces députés étant nommés par le corps électoral le plus nombreux dont l’existence soit prévue par la constitution locale.

Tel est le cadre où se meut l’Union. Les États possèdent toutes les attributions qu’ils n’ont pas déléguées à celles-ci ; ils ont dû, pour les mettre en œuvre, se doter d’institutions qui, à la vérité, présentent de grandes analogies avec les pouvoirs fédéraux, mais sont cependant infiniment variées dans les détails de leur organisation. Il suffira de rappeler que, dans les États comme dans l’Union, tous les pouvoirs procèdent de l’élection ; que les législatures locales se composent, elles aussi, de deux Chambres, et qu’elles émanent du suffrage universel ; que l’exécutif n’y est pas très occupé, à raison des larges franchises reconnues aux communes et de l’extrême intensité de la vie municipale ; et qu’enfin, si l’expérience a conduit nombre de constitutions locales à restreindre les pouvoirs des assemblées législatives pour éviter leur immixtion dans des matières que les citoyens désirent soustraire aux fluctuations politiques, le principe est ici l’opposé de celui qui prévaut dans l’Union : ces assemblées jouissent de tous les pouvoirs qui ne leur sont pas expressément déniés par la constitution, et ce jusqu’à révision de celle-ci, suivant une procédure prévue, par la constitution même.

Cette organisation a procuré une extrême autonomie aux treize colonies qui ont signé le premier pacte d’union ; elle a conféré les mêmes avantages aux États plus nombreux qui, depuis l’origine, sont venus s’agréger autour du noyau primitif pour former, en définitive, la puissante et populeuse confédération avec laquelle le monde entier est désormais tenu de compter : sa durée, et l’extension progressive de sa zone d’application sont le plus bel éloge que l’on puisse faire de la maîtrise de ses auteurs. Mais, entre le moment où un pays est complètement étranger aux États-Unis et celui où son étoile vient prendre place sur la bannière fédérale, peut s’écouler une période intermédiaire : les États-Unis le font entrer en quelque sorte dans leur sillage, sans l’admettre encore au rang des associés de l’Union : ils le