principal auteur, le marquis de Bésignan, que la police connaissait bien, puisque, depuis trois ans, elle le poursuivait. La disparition de son représentant Alexandre, la fuite de Tinseau et de Pautenel de Véreux, qu’on trouva partis, quand on vint pour les arrêter, parurent constituer une preuve positive de la vérité de ces révélations. Elles furent en outre confirmées par le général Ferrand, commandant la place. Il avait reçu les confidences des conjurés et même des propositions ayant pour objet de le décider à embrasser le parti du Roi.
N’ayant pu mettre la main sur les coupables, la police franc-comtoise envoya leurs papiers à Paris. Quand ils parvinrent au Directoire, il était en train d’en dépouiller de non moins révélateurs, qui lui avaient été envoyés, les uns de Carouge près de Genève, les autres du département de l’Aude, et qui tous avaient trait au même complot. L’imprudence ou la trahison des agens de Bésignan les avait livrés à la police de ces contrées. Tout le plan de ce gentilhomme était ainsi sous les yeux du Directoire, avec des pièces qui prouvaient que l’exécution définitive restait subordonnée à l’approbation du prétendant. Cette approbation, il ne l’avait pas encore donnée. Il s’était borné à charger le prince de Condé, le général de Précy et Imbert-Colomès d’aviser aux moyens d’en tirer parti, sans en laisser la direction à Bésignan, considéré à Vérone comme un homme plus entreprenant que prudent, plus mobile que persévérant, et duquel il fallait se défier.
Quant à celui-ci, il fut prouvé que, depuis qu’après le siège et la destruction de son château, il avait été mis hors la loi, il ne cessait de fomenter une contre-révolution. A l’armée de Condé, où il avait un moment paru à Lyon, où ensuite il avait osé venir et résider au péril de sa vie : à Rome, où il était allé supplier le Pape de lever des troupes et de s’unir à la coalition comme intéressé à rentrer dans la propriété du Comtat-Venaissin ; dans ses rapports avec les représentans d’Autriche et d’Angleterre, délégués auprès des princes ; partout, il avait conspiré et s’était efforcé de faire le jeu des ennemis de l’intérieur. A Lyon notamment, il avait provoqué des conciliabules, présidé des réunions secrètes, prêché la nécessité de grouper les gardes nationaux « dont on était sûr » et « de régulariser le zèle apostolique » des égorgeurs et assommeurs désignés sous le nom de Compagnons de Jésus. Il voulait aussi créer une légion « d’ouvriers évangéliques, » à l’effet