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Voilà la femme dans son rôle de tous les temps, dans son rôle idéal, celui que Gœthe attribue à l’éternel féminin. Rien n’y manque, pas même un reste de l’inconséquence traditionnelle, car, avant toutes choses, la constitution du Conseil international lui défend la propagande, de quelque nature qu’elle soit. Mais lady Aberdeen, appuyée sur le consentement unanime des conseils nationaux fédérés, juge que le mouvement de la paix a dépassé l’ère de la controverse. Elle déclare qu’un nouveau genre de patriotisme a commencé pour la femme ; celle-ci enseignera désormais à ses fils soldats qu’ils existent pour maintenir la paix, jusqu’au jour béni où nous n’aurons plus besoin d’armées. Hélas ! la touchante et poétique réunion de Queen’s Hall, comme l’imposante Conférence de la Haye, devait aboutir à la guerre que l’on sait, à quelque chose de pis que la guerre, l’anéantissement d’une nationalité ; et, sans doute, pas plus que les Anglais, les Anglaises n’ont pardonné à la France l’indignation qu’elle en a témoignée, puisque, aux congrès tenus à Paris, elles se sont fait remarquer par leur absence. Ce sont là des inconséquences, je le répète, mais le bon grain est jeté néanmoins ; il lèvera dans une certaine mesure. Nous croyons, nous savons qu’aucune aspiration vraiment noble n’est perdue.


TH. BENTZON.