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ou moins allongé. Quelques aéronautes vont encore plus loin : ils veulent que ce fuseau possède une forme dissymétrique, celle d’un cigare à peu près, le gros bout formant l’avant, le petit bout l’arrière, la poupe ayant pour effet de remplir le vide creusé par la proue et provoquant, en outre, par la façon dont elle coupe les couches fluides, la naissance, dans le sens de la marche, d’une composante qui permet de récupérer une partie du travail dépensé par la proue. Il va de soi que la nacelle doit, elle aussi, être fusiforme et que l’on doit disposer les suspentes qui la relient au ballon de façon à diminuer autant que possible la résistance, plus considérable qu’on ne se l’imagine d’ordinaire, qu’elles opposent à la marche en avant.

Seulement, il importe de remarquer que les bons effets de l’allongement donné au ballon d’un dirigeable ne se feront pleinement sentir que si l’étoffe en est toujours parfaitement tendue » Dans le cas contraire, en effet, il se formerait à l’avant, aux points où la résistance est maximum, de véritables poches, et l’air, au lieu de glisser doucement sur l’étoffe, s’arc-bouterait en quelque sorte contre le ballon, dont la vitesse pourrait être considérablement diminuée. Il n’y a que deux façons d’éviter cet inconvénient : ou maintenir l’étoffe tendue à l’aide de ressorts, ou ménager à l’intérieur du ballon une sorte de chambre hermétiquement close, extensible, appelée ballonnet, dans laquelle on insuffle de l’air dès que l’enveloppe tend à devenir flasque.

Dupuy de Lôme a montré que, pour amortir les oscillations que causent les moindres mouvemens des passagers, oscillations qui rendraient la nacelle inhabitable, il est indispensable aussi que l’aérostat, dans son ensemble, ballon-filet-nacelle, constitue une sorte de bloc rigide, un système à peu près indéformable. On y arrive en ajoutant, aux suspentes qui forment le filet-porteur, des suspentes intérieures constituant ce qu’on appelle le filet des balancines.

Enfin, il est évident qu’il serait à désirer que la distance qui sépare le centre de traction du centre de résistance fût, comme dans les bateaux à vapeur et les sous-marins, aussi petite que possible. On réduirait ainsi à son minimum l’effet que produit le couple de renversement formé par les deux forces de traction et de résistance. Malheureusement, la difficulté que l’on éprouve à placer l’arbre de l’hélice en dehors et au-dessus de la nacelle a fait renoncer à l’exécution de cette condition.