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vitesse, l’énergie qu’il trouve dans les mouvemens de l’air, se bornant à imprimer à son corps un léger balancement, lent et irrégulier, sans qu’on puisse saisir le moindre frémissement des plumes des ailes ou de la queue. Malheureusement, le 9 août 1896, dans une expérience de planement avec un nouvel appareil, plus compliqué que le précédent, une forte embardée, que Lilienthal ne réussit pas à contre-balancer, inclina son appareil de sorte que le vent le frappait en dessus : l’infortuné expérimentateur, tombant d’une hauteur de 80 mètres, se brisa les reins et expira quelques heures après cette terrible chute.

En septembre 1899, un élève de Lilienthal, l’ingénieur Percy S. Pilcher, mourait à peu près dans les mêmes conditions, par suite d’un accident arrivé à son planeur. Mais ces deux catastrophes, se succédant à si court intervalle, n’ont pas empêché les disciples du maître de suivre la voie qu’il avait tracée.

Les essais les plus intéressant dans ce genre sont certainement ceux d’O. Chanute. Tout en conservant la même méthode générale, ce savant aviateur, après avoir écarté comme dangereuses les machines genre Lilienthal, a renversé le principe dont l’aviateur allemand avait fait dépendre le maintien de son équilibre dans l’air. Dans le système Chanute, l’expérimentateur reste tranquillement assis dans sa machine au lieu de projeter ses pieds en avant, sauf, bien entendu, les mouvemens nécessaires pour gouverner ou atterrir ; mais un mécanisme moteur est ajouté au planeur pour déplacer les ailes automatiquement, de façon à rétablir l’angle d’attaque et, par suite, l’équilibre longitudinal quand celui-ci est compromis par les embardées de Vair. Quant à la surface sustentatrice, elle est constituée tantôt par des ailes multiples, tantôt par deux grandes surfaces de sustentation superposées, ayant la forme de vastes rectangles légèrement bombés.

Il n’y a pas de sensation plus délicieuse, dit O. Chanute, que celle du vol dans l’air. Toutes les facultés sont en éveil ; le mouvement est deux et élastique à un degré surprenant. La machine répond instantanément au plus petit mouvement de l’opérateur ; l’air se précipite dans ses oreilles ; arbres et buissons fuient sous lui. Il n’y a pas de sport aussi enivrant ! Mais la prudence, le sang-froid et la décision sont, au plus haut degré, indispensables. Si, grâce au mécanisme automatique, l’équilibre longitudinal se rétablit de lui-même malgré les variations du vent, il n’en est