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IMPRESSIONS DE FRANCE

III.[1]
LES HAUTES CHUTES — LA HOUILLE BLANCHE

Grenoble est une capitale. La salle du parlement dauphinois, au Palais de justice, dit encore ce qu’étaient ces anciens Allobroges. Elle est construite, le long de l’Isère, face à la forteresse, les fenêtres ouvertes sur la montagne. Le plafond en bois sculpté, les panneaux des lambris, le drap bleu pâle de la tenture s’harmonisent dans un luxe riche et sobre. Au plafond, les deux groupes de femmes adossées et la couronne des enfans qui dansent au milieu, sont d’un relief et d’une vie extraordinaires. Mais le motif s’apaise, au fur et à mesure qu’il descend vers la grande table couverte, comme les murs, d’une tenture de drap bleu pâle. Tout autour, les vieux fauteuils à haut dossier sont rangés, comme si on délibérait encore sur la garde de la frontière, dans cette enceinte où siégea si longtemps la gravité de la province.

Dans l’autre aile du Palais, les boiseries de l’ancienne salle basse de la Cour des Comptes témoignent aussi de la grandeur passée. Un Allemand, Paul Jude, de passage dans ces contrées, les a sculptées, au début du XVIe siècle. C’est un merveilleux fouillis de rinceaux, de rosaces, de branchages, de feuillages, où éclate et s’épanouit tout ce qu’il y a de vigoureux et de

  1. Voyez la Revue des 15 février et 1er mars.