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matières premières ; elle débite le sapin, enlève les nœuds ; elle broie les bûches, elle réduit la pâte à papier, elle en fait, dans les sous-sols, des approvisionnemens énormes qui permettent de travailler dans les mois des basses eaux ; elle blanchit le papier ; elle l’achève, le roule, le plie et l’envoie à l’atelier de transport. Elle produit ainsi, par jour, jusqu’à 30 000 kilogrammes de papier fini, et cela en travaillant régulièrement d’un bout de l’année à l’autre.

Mais la force énorme dont elle dispose est loin d’être employée ; et, c’est ici que se branche tout un système d’industries annexes, qui, d’ailleurs, presque partout, oui remplacé le vieux moulin primitif et sont devenues des industries principales. Ces industries annexes n’utilisent pas la force directement : elles la transforment et l’appliquent à des usages nouveaux et à des adaptations dont la portée est véritablement incalculable. Expliquons-nous.

Les diverses énergies vibrant dans le monde, et notamment la chaleur, la lumière, l’électricité, sont, au fond, identiques. Une chute qui tombe développe une certaine quantité de kilogrammètres qui peuvent se transformer en calorique ou en fluide électrique. Disposant d’un superflu de force considérable, M. Bergès put l’employer à divers usages qui étaient à sa portée : par exemple, dans la papeterie, blanchit électrolytiquement la pâte à papier ; il produisit du carbure de calcium ; tout cela, dans l’intérieur de l’usine.

Mais, transportant sa force au loin, il lit plus. Il donna des locations de force dans le voisinage ; il produisit le courant nécessaire à un puissant éclairage de tous les environs et notamment de la vallée, du Grésivaudan entre Brignolle et Grenoble. Et, enfin, il prit ses dispositions pour actionner les machines électriques destinées à desservir des voies de traction importantes, les tramways de Chapareillan et de la Chartreuse. Soit, en tout, une production de force de trois à quatre mille chevaux de vingt-quatre heures et de trois cent soixante-cinq jours par an. Voilà ce qu’est devenu le moulin primitif et ce que produit le ruisseau inconnu, quelquefois nuisible, qui coulait sous l’aisselle de la montagne de Belledonne.

Ce n’est pas tout. Les 4 000 chevaux ne suffisent plus. Là-haut, dans la montagne, dix fois plus haut que la chute primitive, quatre fois plus haut que la chute de 500 mètres, à