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celle de la Chambre, celle de Calypso près Saint-Michel, celle de Saint-Michel, la magnifique usine d’électro-métallurgie française de la Praz. La Romanche actionne les usines de Séchilienne, la belle papeterie de M. Devilaine à Rioupéroux, les soudières électrolytiques, l’usine de la Société électro-chimique, à Livet, La vallée du Drac voit s’installer l’usine de la Société des forces motrices de Grenoble, celle de la Société grenobloise de Force et Lumière. Autour de Chambéry, c’est l’usine de Chailles, celles de la vallée de l’Arve et, notamment, la belle et originale usine de chlorate de potasse installée à Chedde par M. Georges Bergès, fils de M. Bergès de Lancey, l’usine du Giffre, enfin les papeteries de Cran, près d’Annecy.

Et ce n’est ici qu’un tableau très rapide et très incomplet de ce qu’une seule région a pu faire en quelques années. Le Dauphiné et le Lyonnais, réduits pour ainsi dire à leurs propres forces, ont apporté les capitaux, et déployé l’esprit d’initiative nécessaires pour mettre en valeur les richesses hydrauliques exceptionnelles de la contrée. Toute cette région, agissant sur elle-même et par elle-même, au milieu de l’indifférence, ou, pour être plus exact, dans l’ignorance où l’on est de ses efforts, persévère et ne compte que sur sa tenace volonté. Elle s’est heurtée à bien des préjugés, à bien des résistances, à des obstacles presque insurmontables comme ceux que présentait la vétusté de nos codes et de nos règlemens administratifs[1].

Pour réaliser la captation des grandes chutes, il faut des canalisations fort longues. Ces canalisations doivent passer sur des propriétés morcelées. Autant de propriétaires, autant de traités. Ce sont des discussions interminables, des prétentions impossibles, des entêtemens irréductibles. La routine et la politique s’en mêlent : c’est tout dire. Puis, il faut traiter avec les communes, avec l’administration des ponts et chaussées départementaux et nationaux et avec celle des eaux et forêts, pour la traversée des bois, des routes, des canaux ou rivières. « Ce n’est

  1. La question des distributions d’énergies, au point de vue législatif et administratif, a été soumise, pour la première fois, au Parlement français, par un projet déposé, le 11 juillet 1807, par M. Turrel, alors ministre des Travaux publics. Elle a été étudiée depuis, dans un remarquable rapport fait par M. Guillain, au nom de la commission spéciale (8 février 1898), et dans un autre rapport de M. Berthelot (4 juillet 1900). Un nouveau projet de loi a été déposé par MM. Baudin, ministre des Travaux publics, et J. Dupuy, ministre de l’Agriculture, le 6 juillet 1900. Les choses en sont là.