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si l’on retranche de ce total les chiffres qui représentent ses échanges avec ses propres colonies, l’on voit que l’Angleterre lui fournit la plus grande partie de ce qu’il achète à l’étranger et qu’elle est, d’autre part le débouché principal pour ses produits agricoles, et notamment pour ses vins. Tandis qu’avec la France, par exemple, le Portugal est en concurrence pour la vente des vins, il est lié à l’Angleterre comme le producteur à son meilleur client. Les demandes de l’Angleterre industrielle et surpeuplée au Portugal agriculteur vont en grandissant, tandis qu’au contraire la concurrence allemande et américaine enlève aux négocians britanniques une partie du marché portugais ; ses colonies, d’autre part, commencent à produire beaucoup de denrées que Lisbonne achetait jusqu’ici à Londres, et l’industrie locale, à l’abri des tarifs protecteurs, essaye de prendre son essor. La situation économique du Portugal devient donc meilleure à mesure que sa situation financière, grâce à une sévère gestion, s’améliore. Ainsi, au moment où s’ouvre un nouveau siècle, le petit royaume ibérique semble entrer dans une période plus heureuse, et c’est en grande partie à ses colonies qu’il le doit.


II

L’expansion coloniale des races européennes a pris dans ce siècle, et surtout dans ces trente dernières années, un caractère nouveau. Les grandes nations qui ont établi sur l’exportation des produits fabriqués l’assiette de leur fortune économique ont cherché, avec une âpreté toujours croissante à mesure que grandissait la concurrence, des marchés nouveaux. Elles ont transformé avec une rapidité prodigieuse, quand le climat s’y prêtait, des pays, à peine peuplés de quelques tribus indigènes, en États organisés selon un même mode et habités par des