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langage ; mais l’on sait que, dans les sciences descriptives, ces affaires-là ne sont pas les moins importantes.

L’expérimentation a établi que le noyau présidait à la nutrition, à la croissance et à la conservation de la cellule. Si, à l’exemple de Balbiani, de Gruber, de Nussbaum, de W. Roux, de Leipzig, l’on réussit à couper en deux une cellule sans entamer le noyau, le fragment nucléaire fonctionne encore pendant quelque temps à la façon ordinaire, en vertu de l’ancien branle, puis il décline et meurt. Au contraire, le fragment pourvu de noyau répare sa blessure, se reconstitue et continue de vivre. Le noyau prend aussi une part très remarquable à la reproduction cellulaire : mais c’est une question encore discutée de savoir si son rôle est, ici, subordonné à celui du corps cellulaire, ou s’il est prééminent. Quoi qu’il en soit, il résulte de cette expérience que le noyau présente tous les traits d’une vitalité énergique, et que c’est dans son protoplasma que les chimistes doivent trouver les composés chimiques, les albuminoïdes spéciaux qui forment, par excellence, la matière vivante.

C’est donc, en définitive, dans les protoplasmas nucléaires des élémens anatomiques que l’on doit s’attendre à rencontrer la matière vivante la plus différenciée, c’est-à-dire les albuminoïdes de plus haute dignité. Non pas qu’ils doivent faire défaut dans le protoplasma du reste de la cellule, mais ils risquent certainement d’y être moins concentrés, plus mélangés de produits accessoires et liés à des fonctions vitales plus secondaires. C’est là le raisonnement qui a dirigé les premières recherches du professeur Miescher de Bâle, en 1874, — et, vingt ans plus tard, celles du plus éminent chimiste physiologiste de l’Allemagne contemporaine, M. Kossel.


IV

La substance du protoplasma, qu’elle soit de complication ou de dignité plus ou moins haute, est désignée communément sous le nom de matière organisée. Mais qu’est-ce que l’organisation ? Nous ne sachions pas qu’on en ait donné une meilleure définition que celle-ci : c’est la constitution physique particulière de la matière vivante. D’autre part, ces propriétés physiques et chimiques du protoplasma, c’est à peine si on commence à les entrevoir. On ne saisit encore que quelques traits de sa constitution particulière. Ch. Robin, vers 1860, avait cru la définir suffisamment par ces trois caractères : l’absence d’homogénéité, l’asymétrie moléculaire, et l’association de