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complets sont, en effet, constitués par la combinaison de deux sortes de substances : albuminés ou histones d’un côté, — nucléines de l’autre. En réunissant des solutions d’albumine à des solutions de nucléine, on refait la synthèse du protéide. L’étude des propriétés et des caractères de ces nucléo-albumines et de ces nucléo-histones est toute d’actualité : elle est poursuivie avec beaucoup de méthode et avec une admirable patience par l’école allemande.

Tous ces protéides contiennent du phosphore, outre les cinq élémens chimiques, carbone, oxygène, hydrogène, azote et soufre, propres aux autres albuminoïdes. Un autre trait intéressant de leur histoire, c’est que l’action du suc gastrique les partage en leurs deux constituans : la nucléine qui se dépose et résiste à l’action destructive du liquide digestif, et l’albumine ou l’histone, qui subit au contraire cette action avec ses conséquences habituelles. La digestion gastrique fournit ainsi un procédé d’un usage très simple et très commode pour l’analyse des protéides.

Il était naturel que l’on trouvât ces composés dans tous les tissus riches en élémens cellulaires à noyaux bien développés. Les globules blancs du sang ont fourni à Lilienfeld la première nucléo-histone qui ait été isolée. Les globules rouges eux-mêmes, lorsqu’ils possèdent un noyau, ce qui est le cas chez les oiseaux et les reptiles ainsi que chez l’embryon des mammifères, renferment un nucléo-protéide que Plosz et Kossel en ont extrait facilement. Le chimiste suédois Hammarsten, qui s’est acquis un grand renom par ses recherches dans d’autres domaines de la chimie biologique, a préparé les nucléo-protéides du pancréas, en 1893. On en a retiré du foie ; de la glande thyroïde (Oswald), de la levure de bière (Kossel) ; des champignons ; de l’orge (Petit). On en a décelé dans le corps des amibes et dans celui des bactéries (Galesoti).


VI

Pour pénétrer plus profondément dans la constitution de ces protéides qui sont les principes immédiats, les plus élevés en complication parmi ceux qui forment le protoplasma vivant, la voie est toute tracée. Il faut soumettre à l’analyse les deux composans, albumines ou histones, d’une part, nucléines de l’autre.

Pour les nucléines, la chose est déjà faite. Kossel, en effet, a décomposé la nucléine par une série d’opérations soigneusement ménagées, et l’a résolue, de degré en degré, dans ses élémens chimiques