Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 2.djvu/901

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reproduire toutes les formes de la maladie et de comprendre dans quelles conditions celle-ci se développe chez l’homme. L’infection peut s’effectuer par toutes les voies, mais, selon le procédé employé, les lésions affectent une marche et des localisations différentes. En faisant ingérer aux animaux en expérience des bacilles mélangés à leurs alimens, on produit la tuberculose de l’intestin, des ganglions abdominaux et du péritoine. L’inhalation des bacilles desséchés et pulvérisés, ou en suspension dans de l’eau qu’on projette en fines gouttelettes dans les voies aériennes, détermine la formation de tubercules des poumons, suivie d’une consomption plus ou moins rapide. Vient-on, d’autre part, à inoculer sous la peau une petite quantité de bacilles ou de produits tuberculeux, au bout de deux ou trois semaines, il naît au point lésé un petit noyau d’induration qui bientôt s’ulcère ; en même temps une traînée de lymphangite tuberculeuse se dessine, partant de l’ulcération pour aboutir aux ganglions de la région, qui s’engorgent, se tuméfient, puis suppurent ; l’animal cesse de manger, maigrit rapidement et finit par mourir. Enfin, par l’injection directe d’une culture bacillaire dans une veine, de façon à projeter directement le germe tuberculeux dans le torrent circulatoire, ou obtient, si la dose est forte, un véritable empoisonnement du sang, qui fait périr l’animal en moins de quarante-huit heures : à dose plus faible, on voit se développer des tubercules dans tous les organes à la fois : c’est la forme morbide dite, granulie miliaire aiguë, dont l’évolution plus ou moins rapide se traduit par des symptômes analogues à ceux de la fièvre typhoïde.

Chez l’homme, nous l’avons dit, on observe des formes tout aussi variées, qui correspondent à des voies d’invasion également différentes : la tuberculose de l’intestin et du péritoine survient chez les enfans nourris avec le lait d’une vache tuberculeuse, si on a négligé de faire bouillir ce lait ; la phtisie pulmonaire se montre chez l’individu qui s’est infecté par les bronches, en respirant des poussières chargées de bacilles ; la tuberculose des ganglions lymphatiques succède à une inoculation locale, dont la porte d’entrée n’est souvent qu’une érosion accidentelle, qu’une plaque d’herpès ou d’eczéma de la peau du visage ou de la muqueuse nasale ; quant à la tuberculose miliaire aiguë ou granulie généralisée, elle est toujours secondaire et ne s’observe que lorsqu’un foyer bacillaire latent a fait effraction dans un