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REVUE DRAMATIQUE


VARIETES : La Veine, comédie on quatre actes par M. Alfred Capus. VAUDEVILLE : La Pente douce, comédie en quatre actes par M. Vandérem.


La dernière quinzaine a été marquée par un événement qui ne pouvait passer inaperçu. De l’aveu de la presse tout entière, la comédie moderne vient de nous donner enfin le chef-d’œuvre que nous en attendions. La comédie moderne ne pouvait nous donner du premier coup son chef-d’œuvre ; elle a dû s’y reprendre à plusieurs fois, essayer et rejeter plus d’une ébauche. Cela explique que les auteurs et les directeurs de théâtre aient en ces derniers temps subi une telle série d’échecs, et apparemment cela les eu console : la comédie moderne était en gestation des quatre actes qui viennent d’être représentés aux Variétés. Au moins n’accusera-t-on pas la critique d’avoir fait grise mine à la bonne fortune qui nous échoit. Nous ne sommes occupés, depuis cette soirée triomphale, qu’à rédiger des bulletins de victoire, enchérir sur l’enthousiasme du voisin, et détailler les beautés de l’œuvre. Les uns en goûtent davantage l’art délicat, d’autres eu vantent surtout la philosophie. Mais tous s’accordent pour y voir une œuvre à la fois légère et forte, désormais classique et destinée à enrichir le répertoire de notre littérature dramatique. Cette unanimité est bien faite pour impressionner. Aussi, tandis qu’en d’autres circonstances il nous eût paru superflu d’entretenir nos lecteurs de la pièce de M. Capus, nous n’aurons garde de laisser passer cette occasion de les renseigner et de nous4nstruire nous-même en apprenant des juges compétens en quoi consiste la perfection dans la comédie moderne. Nous nous doutions bien que pour décider tantôt qu’une pièce de théâtre est admirable et tantôt qu’elle est inepte, ils devaient avoir une règle d’appréciation. Enfin ils nous la livrent, et pour ce qu’elle vaut ! Enfin nous savons ce qu’ils attendaient du théâtre