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REVUES ÉTRANGÈRES

UNE HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE CHINOISE


A History of Chinese Literature, par Herbert A. Giles, 1 vol., Londres, 1901.


L’an 221 avant l’ère chrétienne, le souverain de l’État de Chinn, ayant glorieusement vaincu et soumis une foule d’autres États, se trouva maître de la Chine tout entière, qui n’avait été jusqu’alors qu’une agglomération de principautés féodales, et qui devint, dès ce jour, le vaste et magnifique empire qu’elle est encore aujourd’hui. Ce Charlemagne chinois, que les historiens nationaux célèbrent sous le nom du Premier Empereur, était un homme d’une intelligence et d’une activité admirables, loyal, généreux, ardemment dévoué au bien de ses sujets. En collaboration avec son ministre, le sage Li Ssu, il s’employa durant tout son règne à adoucir les mœurs, à effacer les traces des luttes anciennes, à ramener partout la paix et le bien-être. Peu de princes, parmi ses successeurs, ont autant contribué aux progrès de la civilisation. Et c’est, dit-on, sur le conseil de Li Ssu que, l’an 213 avant J.-C, il prit une mesure à jamais mémorable. Désireux d’ouvrir une ère nouvelle pour l’esprit chinois, et craignant, sans doute, que l’héritage littéraire du passé ne fût une entrave au libre épanouissement de nouveaux génies, il décréta que tous les écrits antérieurs à son règne eussent à être détruits, exception faite pour les ouvrages relatifs à la médecine, à l’agriculture et à la religion. Toute personne se refusant à laisser brûler ses livres était condamnée à travailler pendant quatre ans à la Grande Muraille : toute personne convaincue d’avoir caché des livres était punie de mort. Et tel fut le