on peut dire que la moitié des malades sont des femmes. Il semble donc naturel que cette partie de l’humanité souffrante puisse se confier à d’autres femmes. En Norvège, en Danemark, en Finlande, leur accès à l’exercice de la médecine n’a rencontré aucune opposition ; et l’on sait qu’à Paris il y a aujourd’hui une vingtaine de praticiennes ; la femme, victoire sérieuse ! y a forcé les portes de l’internat.
Pourquoi, demande Mlle Maria Popelin, la Faculté de Droit serait-elle inabordable, quand la Faculté de Médecine ne l’est pas ? — Moins heureuse, que ne l’a été en France Mlle Jeanne Chauvin, Mlle Popelin, docteur en droit, se voit interdire le barreau dans son pays, la Belgique. Elle n’insiste pas sur ses griefs personnels, mais, dans l’intérêt même de la société, veut que la femme ait part aux fonctions sociales. Tout ce qui arrêtera, dit-elle, le progrès d’un des sexes empêchera celui de l’autre, La faiblesse de sa constitution, une réserve inhérente à sa nature, sa mission spéciale en ce monde défendent à la femme de certaines carrières, au dire de ceux qui paraissent craindre qu’elle n’empiète sur un terrain privilégié. Mais pourquoi n’est-il question ni de cette réserve, ni de cette faiblesse, lorsque la misère l’oblige d’accepter les emplois les plus bas, les plus fatigans et les plus mal rétribués, ou encore de tomber dans la galanterie ? Que les devoirs de la famille passent avant tout, soit, mais les femmes qui n’ont pas de famille, les isolées si nombreuses, pourquoi donc arrêterait-on leur élan, de quelque côté qu’il les porte ?
Les Etats-Unis viennent à la rescousse. Depuis vingt-cinq ans, les Facultés de droit accueillent les femmes, dans l’Ouest tout au moins. Les avocates autorisées à plaider se comptent par centaines ; de riches héritières éprouvent aussi le besoin d’acquérir les connaissances légales utiles pour administrer leur fortune. Et toutes celles qui étudient le droit s’accordent à reconnaître qu’il n’y a pas de meilleure discipline intellectuelle. La situation de la femme devant la loi, ce point si complexe, si important, ne pourra être décidé sans l’aide des femmes elles-mêmes. Aussi le mouvement féministe aux Etats-Unis a-t-il nécessairement fait éclore des femmes de loi savantes et expérimentées, capables de donner leur avis sur les questions tant débattues du mariage, du divorce, de la tutelle, des enfans, etc. Il importe à la famille que les épouses et les mères soient instruites, mieux