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on estimait la production de l’opium chinois à 224 000 piculs ; depuis, il a été fait des plantations nombreuses de pavots.

Les recettes diverses, évaluées à a millions, proviennent de la collation des grades et honneurs, de ventes de titres, de souscriptions ou donations, de droits de transfert, de licences payées par les monts-de-piété, de patentes dues par les corporations, magasins et marchés. La vente des terres, mais non des maisons, est soumise à un droit d’enregistrement d’environ 3 pour 100. Il n’existe ni contribution personnelle, ni impôt mobilier, ni taxe des portes et fenêtres. Le thé paye 9 centimes environ par livre, sous forme de taxes prélevées à l’intérieur, ou de droits de sortie.

Telles sont les ressources de ce budget de 89 millions de taëls, soit environ 312 millions de francs, si nous calculons le taël à 3 fr. 50. On voit combien cette charge, de moins d’un franc par habitant, est légère. Supposons qu’il faille la doubler ou même la tripler par suite du vice de la perception et des exactions que commettent les fermiers de l’impôt ; admettons que la valeur de l’argent n’ait pas encore baissé, à l’intérieur de la Chine, de la même façon qu’en Europe ou en Amérique, par rapport à ce qu’elle était il y a trente ans, et que par conséquent le taël puisse être considéré, à l’heure actuelle, comme y représentant quelque chose de plus que la valeur exacte de son poids d’argent exprimé en or : nous n’arriverons toujours qu’à une contribution individuelle de 4 ou 5 francs. Les mêmes impôts, mieux administrés, devraient fournir des sommes beaucoup plus considérables : dans l’Inde, dont la population et la civilisation sont comparables à celles de la Chine, l’impôt foncier rend 255 millions de roupies, soit 100 millions de taëls ; et la taxe sur le sel, 33 millions de taëls.

Les dépenses sont encore plus difficiles à établir que les recettes, parce que les gouvernemens provinciaux ne donnent guère de détails sur leurs budgets particuliers, dont la Gazette de Pékin publie de temps à autre le résumé. On peut calculer certaines dépenses par l’affectation que le gouvernement central fait de recettes provenant d’impôts acquittés en argent ou en nature et de prélèvemens supplémentaires : ainsi les 7 millions de taëls des impôts en argent servent à payer les fonctionnaires impériaux de Pékin, à acquitter plusieurs autres dépenses de l’administration centrale ; les 5 millions de la taxe du riz sont surtout