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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 3.djvu/136

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et toutes autres lignes partant de Pakoï ; ligne prolongeant jusqu’à Yunnan-fou la ligne Hanoï-Laokaï établie le long du fleuve Rouge. Les deux premières auront sans doute de la peine à lutter contre la voie navigable du Si-kiang, tandis que la pénétration au Yunnan, et de là au Szechuen, paraît plus intéressante. Une loi du 25 décembre 1898 a autorisé le gouvernement de l’Indo-Chine à accorder au chemin de fer Laokaï-Yunnan-Sen une garantie d’intérêt. Les Anglais, visant un but analogue, ont acquis du gouvernement chinois le droit de prolonger dans le Yunnan leur ligne de Birmanie, et veulent embrancher à Mandalay, sur la ligne qui remonte l’Iraouaddy, un chemin de fer qui, atteignant la frontière chinoise à Kun-long-ferry, se prolongerait jusqu’à Tchen-tou, capitale du Szechuen.

En résumé, plus de 10 000 kilomètres, dont 6 000 étaient construits ou en construction en 1900, ont été concédés depuis quatre ans.

Il ne peut plus être accordé de concessions définitives qu’aux Chinois qui, en général, afferment l’exploitation, pour une période limitée, à des syndicats étrangers. Ces contrats doivent être soumis à l’administration centrale des chemins de fer. Au cours de l’année 1898, qu’on a surnommée celle de la bataille des concessions et durant laquelle les représentans d’une foule de groupes financiers se disputaient cette aubaine, le gouvernement chinois a constitué une administration générale des mines et des chemins de fer, et édicté un règlement tendant à assurer ses droits de souveraineté et sa participation financière, estimée devoir atteindre jusqu’aux quatre dixièmes des bénéfices. Il est probable que les chemins de fer donneront de fort beaux résultats, en ces régions à population dense et qui se déplace aisément ; l’exemple d’autres pays asiatiques, comme le Japon, où ces entreprises gagnent 10 pour 100, est encourageant. L’hostilité des populations a été exagérée par la rumeur publique ; le fait que les travaux de la ligne Pékin-Hankéou ont pu être continués en 1900, pendant que les troupes européennes faisaient campagne dans le Petchili, en est la meilleure preuve.


V

La construction des voies ferrées sera pour la Chine ce qu’elle a été pour l’Amérique, le signal et l’instrument d’une révolution