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sphère de la ville, plus de 20 000 tonnes de ces produits gazeux.

Ce n’est pas que les fumées visibles, abstraction faite des gaz toxiques qui les accompagnent, soient indifférentes à la santé. Elles agissent sur elle, au moins d’une manière indirecte. Elles forment, en effet, un écran plus ou moins opaque, qui arrête ou tamise les rayons lumineux et soustrait les rues, les maisons et les habitans eux-mêmes à l’action bienfaisante de la lumière. Le soleil est bon à l’homme. Non seulement il éclaire et réjouit son âme, mais il excite et vivifie son corps. De plus, il est un auxiliaire de l’organisme dans sa lutte contre ses ennemis, les microbes pathogènes. Les Romains prenaient sur les terrasses de leurs habitations des bains de soleil : la médecine contemporaine, et surtout le médecin danois N. Nilsen, ont rajeuni ce vieux procédé de la « cure de soleil. » Le simple solarium des Romains est devenu, plus savamment, un Institut photothérapique. Des cures nombreuses ont été obtenues par l’agent lumineux naturel ou artificiel ; et, récemment, le savant doyen de la Faculté de médecine de Lyon, M. Lortet, en rapportait devant l’Académie des exemples décisifs.

C’est que les rayons solaires sont funestes aux microbes. Ceux-ci se développent mal à la lumière diffuse, comme l’ont vu Downes et Blunt, en 1877. Ils périssent à la lumière directe, en plus ou moins de temps. M. Arloing, en 1885, tuait la bactéridie charbonneuse en l’exposant pendant deux heures à la radiation solaire. Les micro-organismes du tétanos, de la tuberculose, du typhus, du choléra, de la peste meurent également d’insolation ; un grand nombre d’observateurs, Fermi, Koch, Roux, Duclaux, Yersin, Nocard, Kitasato, ont constaté l’efficacité de ce moyen de destruction. Le soleil est donc un antiseptique naturel, et par là un agent d’assainissement de premier ordre. On sait qu’il exerce cette action par ses radiations les plus réfrangibles, bleues, violettes et ultra-violettes. Or, ce sont précisément ces radiations bienfaisantes qui sont arrêtées par les particules des fumées, ou, plus exactement, par l’enveloppe de vapeur d’eau que celles-ci fixent autour d’elles.

II

La question des gaz dégagés, avec ou sans fumée visible, et qui viennent vicier l’atmosphère n’a pas un moindre intérêt pra-