Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 3.djvu/228

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
222
REVUE DES DEUX MONDES.

que celui des campagnes. C’est le résultat auquel étaient déjà parvenus Boussingault et Lévy, en 1843. Ils avaient trouvé dans 100 000 litres d’air pris aux environs de Paris, à Montmorency, 29lit,9 de gaz carbonique, contre 31 litres, dans l’échantillon puisé autour du Collège de France. On voit que la différence est faible : les oscillations sont minimes : elles se réduisent à deux ou trois millièmes. C’est presque la fixité. On a cherché les raisons de cette quasi-invariabilité, et Schlœsing a fait connaître le mécanisme régulateur qui compense automatiquement les gains et les pertes de l’atmosphère. Cette compensation remarquable a pour instrument le gaz carbonique emmagasiné dans les eaux douces et salées à l’état de bicarbonate de chaux.

Ce n’est pas le lieu de parler ici des deux autres constituans permanens de l’air atmosphérique, l’ozone et l’ammoniaque. Il convient seulement de dire que M. A. Gautier a ajouté, à cette liste des élémens constituans accessoires, mais cependant universels et normaux, de l’atmosphère, un nouvel élément : l’hydrogène libre.

IV

La découverte de l’hydrogène libre dans l’air normal résulte d’analyses délicates dont l’interprétation, d’autre part, ne présente point d’incertitudes ni de difficultés. À la vérité, la démonstration serait heureusement complétée, si l’on parvenait par des moyens physiques, tels que la diffusion, à séparer de l’air l’hydrogène en nature. Au degré de dilution où il existe, son isolement n’est pas possible. Il faut donc se contenter de moyens indirects.

Le moyen employé par M. A. Gautier consiste à doser l’ensemble des gaz combustibles contenus dans l’air. Dans la liste des composans accidentels de l’atmosphère, nous avons signalé tout à l’heure quelques corps susceptibles d’être brûlés par l’oxygène : l’oxyde de carbone, le formène ou gaz des marais, d’autres hydrocarbures. Mais il s’agit là de l’air impur des villes. L’atmosphère des champs, comme on le verra tout à l’heure, ne contient pas sensiblement d’oxyde de carbone. L’opération se simplifie donc : il n’y a à se préoccuper que des composés d’hydrogène et de carbone.

Pour en connaître la composition, on fait passer de l’air sec et débarrassé de son acide carbonique sur une longue colonne