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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 3.djvu/362

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IMPRESSIONS DE FRANCE

V[1]
LA PROVINCE ET PARIS

L’Europe est un toit, dont la crête va se dirigeant, des Pyrénées jusqu’à l’Oural septentrional, par les Cévennes, le Jura, les Alpes, le Fichtelgebirge, les montagnes de la Bohême, le plateau de Moravie, les collines de la Lithuanie et les hauteurs qui délimitent, au nord, le bassin de la Volga. Il n’y a, en Europe, que deux pays qui soient franchement à cheval sur ce toit : c’est la France et la Russie.

Seules, la France et la Russie ont leur écoulement sur les deux mers européennes, la Méditerranée et l’Océan. Mais la Russie s’étale sur la partie du toit la plus large, la plus plate et la plus enfoncée dans les terres, tandis que la France se ramasse sur son extrémité la plus étroite, la plus abrupte et la plus voisine de l’Océan.

C’est cette disposition qui donne à la France sa formule géographique. Les Alpes, ayant surgi par une éruption soudaine, l’ont jetée à l’eau d’un coup d’épaule. Avec le temps d’arrêt qui a formé le bourrelet des Cévennes et qui a laissé se produire la fissure du Rhône, notre sol s’est trouvé constitué par deux secousses, deux chutes de terrain promptes et brusques, qui font qu’il n’y a, chez nous, qu’un pas de la montagne à la mer.

Aussi ce sol est-il tout bossue et mamelonné, en pentes rapides, en détours soudains, en coins et recoins, vallons et rigoles,

  1. Voyez la Revue du 1er mai.