autoritaire, le legs de l’ancien régime recueilli par Napoléon, codifié par lui dans les institutions intangibles qui forment depuis cent ans l’ossature de ce pays ; d’autre part, le parlementarisme, c’est-à-dire une contrefaçon des méthodes anglaises de gouvernement, introduite dans un organisme qui ne peut ni assimiler ni éliminer cette mixture étrangère. L’antinomie des deux principes fait l’instabilité des gouvernemens, et par suite la faiblesse d’un pays jadis si puissant ; il ne supporte pas l’humiliation de déchoir, il accuse tous ses conducteurs, il s’en prend à toutes les causes accidentelles, au dedans ou au dehors. Aujourd’hui, l’exagération du parlementarisme omnipotent a porté le mal à son comble. La machine napoléonienne demeure intacte, elle enserre toute l’existence du citoyen ; elle avait été construite pour obéir à la volonté unique d’un mécanicien, qui la mettait en branle par une seule pesée sur le levier moteur ; voici que des centaines, des milliers de mains s’abattent sur chacun des rouages et leur impriment des mouvemens divergens ; la machine résiste, mais elle est affolée, anarchique ; elle travaille à contresens.
Je résume la thèse : je ne garantirais pas qu’elle soit irréfutable, ni très neuve. Heureusement pour les faiseurs de livres, dans ce monde où tout a été dit, il suffit de systématiser vigoureusement une remarque pour donner au système un air de nouveauté. M. Bodley a fondé sur cette idée maîtresse les développemens et les conclusions de son ouvrage.
Il faut opter entre les deux principes, puisque leur incompatibilité nous tue. Disons tout de suite que le médecin anglais a choisi pour nous. Il a choisi le principe français. Son sentiment, — le disciple se sépare ici de son maître, M. Taine, — est que l’architecte consulaire a fait de très bonne bâtisse, pour un peuple dont il connaissait ou devinait merveilleusement tous les instincts. Au contraire des Anglo-Saxons de Birmingham ou de Manchester, qui prendraient les armes si on leur envoyait un de nos préfets, le Gaulois a depuis Jules César l’habitude et le goût d’être administré, dirigé, rassemblé dans une forte main pour l’accomplissement des grandes œuvres où il excelle. L’architecte auquel on livrait un monceau de ruines a bien compris ce génie national ; il a noyé dans son ciment romain tous les matériaux séculaires qui pouvaient encore servir ; et la meilleure preuve que son travail est bon, au dire de M. Bodley, c’est qu’il tient ferme