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le quartier des Légations, et l’ont attaqué presque en même temps au nord-est, au sud-est et au sud-ouest. Quelques coups de fusil ont suffi à les disperser.

Vers trois heures de l’après-midi, une patrouille, composée d’Allemands, d’Anglais et d’Autrichiens, part pour fouiller le quartier situé au nord du Sou-Wang-Fou, quartier qui renferme l’usine à gaz appartenant à des Allemands. Cette patrouille se heurte à des soldats de Tong-Fou-Siang, dont la présence dans ces parages n’était pas même soupçonnée, et se replie vivement en arrière. Mais des coups de fusil sont échangés, sans que l’on puisse savoir, naturellement, de quel côté sont partis les premiers. Cinq Chinois, dit-on, sont hors de combat ; du côté des Européens, aucun blessé.

C’est la première fois que nous nous trouvons en présence de soldats réguliers. Quelles seront les conséquences de cette rencontre ? Nous sommes toujours sans nouvelles des troupes.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

20 juin. — Les ministres se réunissent à huit heures à la légation de France. Le Tsung-Li-Yamen n’ayant rien répondu à la lettre de la veille, le corps diplomatique décide (autant du moins que nous pouvons le savoir par des indiscrétions) : 1o De demander au gouvernement chinois de permettre aux renforts attendus de venir jusqu’au pied des murailles. Quand ils seront là, nous sortirons pour aller les rejoindre ;

2o De lui faire remarquer qu’il nous est impossible de partir le soir même, aucune disposition n’ayant encore été arrêtée.

Le ministre d’Allemagne offre à ses collègues d’aller seul s’entendre, à ce sujet, avec les membres du Tsung-Li-Yamen. En vain lui fait-on remarquer qu’il s’expose à un grand danger ; il persiste dans sa décision et part avec M. Cordès, interprète de la légation d’Allemagne. On veut leur donner une escorte ; ils la renvoient, et ne conservent que deux Mâ-Fou (boys à cheval) qui accompagnent les deux chaises à porteurs. — Quelques instans après, ces Mâ-Fou reviennent, rapportant la nouvelle que M. de Ketteler a été assassiné par des soldats de Tong-Fou-Siang, et que M. Cordès est grièvement blessé.

M. de Soden, chef du détachement allemand, part tout de suite avec 20 hommes à la recherche des deux victimes ; il revient une demi-heure après, n’ayant rien trouvé.

À onze heures, des missionnaires américains rapportent