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IMPRESSIONS DE FRANCE

IV[1]
LA MAISON CARRÉE

Parmi les villes du Midi, Nîmes est une des plus belles. Le spectacle offert par les monumens antiques qui perpétuent, à travers les siècles, leurs admirables exemples, l’ont tenue en état de grâce : les temps modernes ne l’ont pas trop gâtée, et l’ensemble de la cité respire la finesse, l’élégance et la vivacité.

Dès qu’on a quitté la gare, l’ombre profonde que les grands platanes versent sur l’avenue Feuchères vous saisit, et, sous leur nef agitée, la fraîcheur de l’air vous transporte, pour ainsi dire, jusqu’au jardin où s’élève le monument dû au ciseau de Pradier. La statue de la ville accueille l’étranger d’un geste grave, avenant et si simple que le cœur est déjà gagné. Elle porte, coquettement, sur la tête, la couronne de colonnes de la Maison Carrée, et c’est une parure sans prix. A ses pieds, le sculpteur a groupé le Rhône paternel, le Gard, la fontaine de Nîmes et l’image de cette illustre source d’Eure que le pont du Gard amenait, de la montagne à la ville, en une si prodigieuse enjambée.

On est tout de suite aux Arènes, et l’esprit est, sans transition, accablé : c’est un coup de majesté. On ne discute pas ; on approche et on admire. Du dehors, l’aspect est rude et trapu. Mais, si on pénètre à l’intérieur, si on observe la savante combinaison des couloirs, des vomitoires, des escaliers, des plates-formes, des étages et des arcades, si l’on examine le fini du travail et la qualité

  1. Voyez la Revue du 15 février.