cient fort peu de ce qu’il sera dans deux ans, ou plus tard ; ils ne se préoccupent que de savoir ce qu’il sera au mois de janvier prochain. La raison en est qu’ils sont eux-mêmes rééligibles au mois de mai. En décidant que son impôt de statistique ne serait appliqué qu’à partir du 1er janvier 1903, au lieu du 1er janvier 1902, M. Merlou a jeté le discrédit sur tout le système. Mais, dira-t-on, pourquoi ne pas mettre la seconde date à la place de la première ? Si M. Merlou ne l’a pas fait, c’est qu’il n’est pas dénué de quelque bon sens, et qu’il se rend fort bien compte de l’impossibilité où l’on serait de dresser en quelques mois ses tables de revenus distribués en huit catégories. Et que disons-nous : en quelques mois ? C’est pour le 15 août prochain, au moment de la session des conseils généraux, que tout devrait être terminé. Rien ne sert de courir, il aurait fallu partir à temps.
C’est pourquoi M. Klotz se présente avec une nouvelle proposition infiniment plus radicale, bruyante, tapageuse, et qui ressemble un peu à une charge de grosse cavalerie dans un magasin de porcelaine. Nous avons, comme on sait, quatre contributions directes : l’impôt personnel mobilier, l’impôt des portes et fenêtres, l’impôt foncier, l’impôt des patentes. Que tout cela est compliqué, et, aux yeux de M. Klotz, inutile ! D’un trait de plume, il le supprime et le remplace par l’impôt global et progressif sur le revenu. Voilà : rien n’est plus simple ; comment n’y a-t-on pas songé plus tôt ? Si on objecte à M. Klotz et à ses amis que cette négligence est fâcheuse sans doute, mais qu’après l’avoir commise, on ne peut pas la réparer ainsi d’un seul coup et en quelques jours, ils sont prêts à en convenir. Seulement ils demandent qu’on commence du moins la réforme par un bout, celui qu’on voudra : par exemple, par la suppression de l’impôt sur les portes et fenêtres. Supprimons, disent-ils, l’impôt sur les portes et fenêtres et remplaçons-le par l’impôt sur le revenu. Plug tard, l’année prochaine, nous supprimerons à leur tour les trois autres contributions, et nous les remplacerons également par l’impôt sur le revenu.
Cet impôt a, dans l’esprit de ses inventeurs, qu’ils s’appellent M. Merlou, ou M. Klotz, ou d’un autre nom, l’avantage que, petit ou grand, il vient au monde complet et muni de tous ses organes. Il est d’ailleurs merveilleusement souple et élastique. On peut, comme M. Merlou propose de le faire pour commencer, n’en tirer rien du tout ; mais on peut aussi en tirer de quoi suffire à tous les besoins du budget. Voulez-vous remplacer une contribution directe ? Il y suffira sans peine. Deux ? Il n’en sera pas plus embarrassé. Trois, quatre ? Ne vous gênez