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considérable par rapport à sa superficie ; elle renferme une population incomparable de marins ; qu’elle cherche donc, dans l’exemple des cités que nous venons de nommer et que nous allons étudier, les inspirations nécessaires au meilleur emploi de ses ressources, au maintien, et au progrès de sa marine et de son commerce international.


I

Anvers, la deuxième ville de la Belgique par sa population, la première par son commerce maritime, existe depuis plus de douze siècles : mais ce n’est qu’au XVe siècle que le détroit de l’Escaut oriental fut rendu facilement navigable et assura les communications avec la mer : en même temps l’ensablement de l’estuaire de Bruges, le Zwyn, augmentait l’importance d’Anvers et diminuait celle de la cité rivale. En 1503, les Portugais, principaux trafiquans de l’Europe avec les Indes, y ouvrirent un comptoir : cet exemple fut bientôt suivi par la plupart des nations européennes : au XVIe siècle, la prospérité de la ville fut à son comble : en une marée, cent navires entraient dans le port ; plus de mille maisons étrangères y avaient des agences. Mais, à la suite des guerres espagnoles, la décadence se fit sentir ; la population, au XVIIe siècle, avait diminué de moitié ; les Hollandais, maîtres de l’embouchure de l’Escaut, en obtinrent la fermeture par le traité de Munster ; Amsterdam hérita du commerce d’Anvers, déchue pour longtemps de son rang et de sa splendeur, de n’est qu’au XIXe siècle que la métropole flamande devait les retrouver. La réouverture de la navigation de l’Escaut, la constitution du royaume de Belgique, furent des événemens décisifs à cet égard ; l’énergie de la ville, qui n’avait pas oublié les traditions communales du moyen âge, hâta la marche des événemens.

En 1853, le conseil échevinal d’Anvers décida la création, en dehors des fortifications, d’une cale sèche et d’un bassin à flot, dit du Kattendyk, long de 500 mètres et large de 140. En 1863, la Hollande, contre paiement de 17 millions de florins, renonça aux droits de péage qu’en 1839 le gouvernement belge avait pris à sa charge. C’est de cette époque que date le développement ininterrompu du port. La Chambre de commerce prit pour programme l’exécution de nouveaux travaux maritimes, le redressement, l’allongement et l’élargissement des quais de