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qui éloigna pendant de longues semaines les travailleurs du port est encore présente à tous les esprits : elle dura de novembre 1896 à janvier 1897. Provoquée par la hausse des frets, encouragée par des émissaires venus d’Angleterre, elle éclata à la suite de demandes d’augmentation de salaires, formulées par certaines catégories d’ouvriers ; elle n’avait été décidée que par une minorité : aussi le travail fut-il repris, avant la fin officielle de la grève, par des ouvriers indigènes et par des étrangers accourus en grand nombre. Aujourd’hui, grâce sans doute à une prospérité soutenue, la situation semble moins tendue entre les employés et les employeurs : ceux-ci se sont organisés avec une grande énergie et opposent, aux syndicats ouvriers, des associa-lions de patrons, aux grèves, des refus d’emploi, si bien que le socialisme allemand, qui appelait jadis Hambourg la tête du parti, voit au contraire ses forces s’y affaiblir et la division s’y mettre dans ses rangs. Rien n’arrête donc en ce moment une expansion, dont les statistiques nous apportent chaque jour le témoignage : d’après le rapport de M. Cor, consul général de France, le nombre des navires immatriculés à Hambourg le 1er janvier 1901 présente, sur l’année précédente, une augmentation de 21 navires et 21 500 tonnes de registre net pour les bâtimens à voiles, de 49 navires et 110 000 tonnes de registre net pour les vapeurs ; l’ensemble de la flotte commerciale hambourgeoise est de 793 navires, dont le tonnage net approche d’un million de tonnes. En outre, 30 bateaux à vapeur, d’un tonnage brut de 166 000 tonnes, sont en construction.

Une autre preuve de l’essor de la navigation allemande se trouve dans les résultats des chantiers de construction, qui se sont multipliés dans les dernières années. Le Vulcain de Brème a distribué, pour 1900, 12 pour 100 de dividende à ses actionnaires, participé à la création, à Anvers, du Vulcain belge, dont le Vulcain brêmois doit conserver pendant plusieurs années la direction : ces résultats sont d’autant plus remarquables que la construction maritime est, chez les Allemands, une industrie toute récente, créée par eux de toutes pièces. Il y a un quart de siècle, ils commandaient encore leurs navires en Angleterre : mais ils eurent soin de stipuler la remise, avec les bâtimens, de tous les plans qui avaient servi à les établir ; ils envoyèrent leurs jeunes ingénieurs suivre les travaux ; enfin, ils ont institué à Breimerhaven, le port situé à l’embouchure du Weser, un