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L’ESTHÉTIQUE DE L’ENFANCE
AU
PETIT PALAIS

A ceux qui veulent oublier le présent, le Petit Palais ouvre ses portes. On l’y oubliait, l’été dernier, en exhumant toutes ces reliques du passé, tirées des plus humbles villages, depuis Conques jusqu’à Sainte-Fortunade, et en découvrant que, si l’on doute de l’Art français, il suffit de fouiller la province pour la retrouver riche de trésors inconnus. On vient encore d’oublier l’heure présente, en voyant, dans l’Exposition de l’Enfance, tout ce que le pays s’ingénie à faire pour les générations nouvelles. Et les esprits attristés par la vue de toutes nos agitations inutiles ne reçoivent pas un moindre réconfort de cette Exposition de l’avenir que de l’Exposition du passé.

Qu’un érudit, en effet, se livrant à d’esthétiques randonnées à travers la France, ait pu découvrir tant d’émaux, de si précieux ivoires, de si subtiles tapisseries, c’était très beau, sans doute, et très intéressant. Mais qu’à l’heure où l’Exposition universelle fermait ses portes, une volonté enthousiaste ait su grouper à nouveau et sous un plan plus logique un si grand nombre d’œuvres de régénération ; qu’au moment où l’on croyait ce pays irrémédiablement divisé, tant d’amis de l’enfance soient venus de tous les points de l’horizon politique et social, — comme ces Bergers et ces Mages qu’on voit dans la crèche du roi Charles III de Naples, — descendre de toutes parts et se rencontrer au même point :