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régulièrement sur trois ou quatre goélettes et fait la pêche de la morue en Islande.


V

La plus vaste sinon la plus belle baie de la côte est celle de Saint-Brieuc. Au fond, dans la petite anse d’Yffiniac, débouche le Gouet, que les bateaux remontent sur 2 kilomètres jusqu’au Légué. Si Saint-Brieuc existait à l’époque romaine, ce qu’il est assez difficile d’affirmer, il était très vraisemblablement beaucoup plus loin de la mer qu’aujourd’hui. Il est certain en effet qu’à l’origine de notre ère, le golfe était bien moins profond. Les vagues l’ont peu à peu creusé et le creusent encore tous les jours, et les débris de forêts sous-marines qu’on y rencontre un peu partout indiquent assez nettement que le sol a éprouvé un affaissement assez marqué, qui semble même continuer encore aujourd’hui, quoique d’une manière très lente. Une ancienne route, à peu près littorale, qui a disparu sous les sables de l’estran, partait autrefois de Saint-Brieuc, se dirigeait vers l’Est et allait rejoindre la pointe d’Erquy, où l’on est d’accord de reconnaître la Reginea de la Table de Peutinger. Cette Reginea était directement reliée à Corseul, l’ancien chef-lieu de la petite tribu des Curiosolites, Civitas Curiosolilarum, qui portait aussi le nom de Fanum Martis. La route continuait à suivre la grève au-delà d’Erquy, et, d’après toutes les traditions, conduisait à pied sec jusqu’à Alet, l’ancienne ville romaine qui se trouvait dans l’estuaire de la Rance et est devenue Saint-Servan. Toute la grève des Rosaires située à peu près au Nord de Saint-Brieuc est encore attaquée par la mer. Une zone de 20 à 25 mètres de largeur en pleine culture, il y a à peine un demi-siècle, s’est détachée de la falaise, a été envahie par les sables et les galets ; et partout sous l’estran on retrouve des arbres renversés par les flots et des débris incontestables de constructions romaines. Cette grève est aussi traversée par une voie romaine dont les substructions se voient encore sur quelques points de son parcours et qui a naturellement conservé le nom de « Chemin des Romains. » La vieille route traverse toute la commune de Plérin, qui sépare Saint-Brieuc de la mer et se soudait à celle de Saint-Brieuc, à Erquy, dont nous venions de parler. On retrouve un peu partout sur la côte voisine des médailles de l’Empire, et toute la petite