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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 4.djvu/572

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l’avoir. Le projet de Vauban aurait pu à la rigueur le lui donner ; mais de graves préoccupations en différèrent l’exécution ; et presqu’un siècle s’écoula avant qu’il ne fût repris et remanié par l’ingénieur Cachin, à qui les travaux de construction de la digue de Cherbourg faisaient une réputation très méritée. « Abandonner le lit de l’Orne à l’écoulement naturel des eaux du pays, délaisser son embouchure actuelle, incertaine et envasée, ouvrir à travers la vallée, un peu à l’Ouest de la rivière, un canal qui viendrait se terminer par un bassin sous les murs de Caen, faire déboucher ce canal sur le point de la côte le moins exposé à l’action des courans et des vents régnans, établir enfin une grande écluse et un avant-port à l’entrée du canal[1] : » tel fut le programme du projet qui a reçu depuis d’importantes modifications, mais dont les grandes lignes ont été fidèlement suivies.

Actuellement, le port intérieur de Caen se compose de deux parties bien distinctes : un port d’échouage et un bassin à flot. Le premier est établi dans la rivière même de l’Orne, qui, après un parcours de 16 kilomètres, va divaguer en mer au milieu de bancs de sable dont la largeur normalement à la plage est de plus de deux kilomètres. La passe, à l’embouchure, a près de 250 mètres de large ; mais elle se rétrécit rapidement et naguère que 130 mètres à la pointe sablonneuse du Siège. La rivière a environ sur tout son parcours une largeur de 40 à 50 mètres de flottaison ; mais sa profondeur est très variable et ne dépasse pas quelquefois 2 mètres au pied des quais de débarquement. Le bassin à flot est établi dans l’ancien canal Saint-Pierre, jusqu’au confluent de l’Orne avec l’Odon, qui a aujourd’hui presque entièrement disparu et est devenu un simple fossé d’écoulement souterrain dans la ville de Caen. Il présente une forme rectangulaire très allongée, 600 mètres environ de longueur, 50 mètres de largeur, et une hauteur d’eau de 4m,50. Deux écluses le mettent en communication, la première avec l’Orne et le bassin d’échouage, la seconde avec le canal de Caen à la mer. Celui-ci a 4 kilomètres de longueur et aboutit à la grande écluse d’Ouistreham, qui vient d’être doublée par l’adjonction d’une nouvelle écluse à deux compartimens et constitue ainsi un véritable bassin à flot. En aval, l’avant-port est entouré de jetées en charpente prolongées par des enrochemens directeurs qui fixent à peu près la passe.

  1. Cachin, Mémoire sur la navigation de l’Orne Inférieure, an VII ; — l’abbé Huet, Origines de Caen, 1702 ; — Lange, Mémoire sur le port de Caen, 1818.