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Vauban, de l’Heure, de la Citadelle et, de nos jours, enfin des bassins des docks, du bassin à pétrole, des bassins Bellot, qui finiront peut-être par devenir à leur tour insuffisans. La ville étouffait dans ses remparts. On les a démolis ; et de magnifiques boulevards, des avenues grandioses lui permettent de s’agrandir désormais indéfiniment. De nouveaux bassins seront sans doute nécessaires encore ; mais il sera facile de les creuser à la suite des derniers nouvellement construits. L’avant-port actuel sera prochainement prolongé en mer et défendu par deux grandes jetées dont la construction est poussée avec rapidité. Tout est donc prévu et en cours d’exécution pour l’agrandissement à peu près indéfini des installations actuelles.

Le mouvement du Havre est comparable à celui de Marseille. On n’y trouve pas sans doute le magnifique décor de la ville phocéenne, son acropole noyée dans l’éblouissante lumière, sa mer bleue, son ciel éclatant, encore moins ces pittoresques costumes et ces indéfinissables figures de Levantins, un peu fausses peut-être, mais toujours séduisantes et qui donnent tant d’intérêt et de couleur à tous les ports échelonnés sur les rivages de la grande mer gréco-latine. Mais le commerce, pour être moins agité et moins bruyant, a des horizons aussi étendus et des débouchés aussi lointains.

Le Havre est l’un des plus grands marchés de coton du monde. Les cotons bruts des Etats-Unis, les cafés et les bois de teinture des Antilles, le salpêtre et les guanos du Pérou, les peaux de la Plata, le sucre de la Havane, les thés de la Chine, les soies du Japon, l’indigo et les épices de l’Orient constituent les principaux élémens de son importation, auxquels il faut naturellement ajouter, comme dans tous les ports de la Manche et de l’Océan, les houilles d’Angleterre et les bois du Nord. Presque tous les produits naturels du monde débarquent sur ses quais.

A la sortie, ce sont des objets de consommation de toute nature, des denrées agricoles et surtout des produits ouvrés et manufacturés par toutes les industries françaises. Ce mouvement a dépassé, certaines années, cinq millions de tonnes, et les travaux d’agrandissement projetés et en voie d’exécution permettent d’espérer qu’il s’accroîtra encore. L’ensemble des ouvrages actuels du port du Havre paraît cependant suffire pour le moment à tous les besoins du commerce et même à son expansion. Il comprend un magnifique chenal d’entrée d’une largeur de près de