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sauver. Nazzar-Abbas apparut alors à la tête de ses Béloutchis luisans sous les chemises démailles. On le vit enlever son cheval gris housse de velours vert et se précipiter à la charge. Tout disparut dans la poussière et l’on ne distingua plus rien, jusqu’à l’heure brillante où le soleil semble fixer sa course et dominer le monde en planant au milieu du ciel. Un coup de vent balaya la plaine, et les gens du rajah, qui n’avaient pas quitté leurs murailles, dans la crainte d’une ruse de guerre, peut-être, ne virent plus que des monceaux de morts môles à des bagages et à des chariots sans nombre, autour de quoi se pressaient des bœufs et des chevaux serrés en groupes. Les étendards des émirs, le grand drapeau du Mogol étaient renversés, et, si loin que pût atteindre le regard des chasseurs de bouquetins habitués à scruter les moindres objets qui se détachent à l’horizon, on ne voyait plus personne.

Lorsque les femmes de la bégom entrèrent dans le jardin des roses, elles s’aperçurent avec épouvante que tous les rosiers avaient disparu. Couchée sur son tapis de Kashmir, Navarapouni semblait dormir. Quand on voulut l’éveiller, on reconnut qu’elle était morte.


MAURICE MAINDRON.