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UN NOUVEAU DICTIONNAIRE
DE LA
LANGUE FRANÇAISE[1]

PREMIÈRE PARTIE

L’idée de ranger en ordre alphabétique les mots dont se compose une langue et d’en donner l’explication n’est pas aussi ancienne et aussi naturelle qu’il le semble au premier abord. Les Grecs ne l’ont pas eue. Ce qu’ils nous ont laissé en ce genre se borne à des recueils de mots rares, difficiles ou dialectaux — c’est ce qu’ils appelaient des gloses (proprement des façons particulières de parler) — et encore ces essais appartiennent-ils aux derniers temps de leur littérature, quand la langue des auteurs classiques était déjà une langue en partie morte, que les grammairiens avaient pour tâche de faire comprendre. A l’époque byzantine, on compila des glossaires étymologiques, mais ces glossaires ne comprenaient toujours que des mots choisis. Les Romains composèrent aussi des recueils de gloses destinés à, faciliter l’étude des auteurs archaïques ; ils ne songèrent pas à dresser un véritable inventaire de leur langue. Cependant tous les Romains qui se piquaient de culture supérieure apprenaient le grec, et il semble qu’on aurait dû faire, pour l’usage pratique,

  1. Dictionnaire général de la langue française du commencement du XVIIe siècle jusqu’à nos jours, précédé d’un Traité de la formation de la langue, par MM. Adolphe Hatzfeld et Arsène Darmesteter, avec le concours de M. Antoine Thomas. Paris, Ch. Delagrave, non daté (1892-1900), deux volumes gr. in-8o.