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On entend bien que, suivant son habitude, le malicieux vieillard voulait plaisanter : car un long chapitre du livre de M. Friedrich est entièrement consacré à l’énumération des démarches faites auprès de lui, pendant les vingt dernières années de sa vie, pour obtenir que, d’un seul mot, il rendît possible sa rentrée dans l’Église. Il préféra ne pas dire ce mot, et s’obstiner dans sa protestation. Aussi bien avait-il fini par céder tout à fait à « l’esprit protestant » qui était en lui. Un de ses derniers discours académiques était un éloge enthousiaste de la Réforme, « mouvement si profond et si nécessaire que l’histoire n’en connaît pas d’autre à lui comparer. » Et, après avoir proclamé la grandeur du génie de Luther et de ses compagnons, il ajoutait : « Mais pourtant, plus puissante encore que l’action de ces colosses était, dans l’âme du peuple allemand, l’aspiration à s’affranchir des liens d’une église pourrie. »

C’était là qu’un usage trop exclusif de la « théologie » avait enfin amené l’ancien ami de Gœrres, l’auteur des jugemens les plus sévères portés, dans notre temps, sur la Réforme en général et sur Luther en particulier !


T. DE WYZEWA.