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l’impossibilité de les expliquer par la propagation rectiligne, par la réflexion, ni par la réfraction, il admettait une quatrième manière de se propager : la diffraction. Newton a connu ces faits et il a tenté vainement de les expliquer.

Si, pour un moment, nous négligeons cette difficulté, et que nous nous mettions à la pince d’un physicien qui aurait vécu avant 1665, deux systèmes s’offriront à nous pour expliquer la propagation de la lumière. Nous serons dans l’alternative de choisir entre les deux seuls modes que suggèrent l’observation et l’imagination elle-même, pour la transmission du mouvement. Le premier de ces modes est le transport de matière. Le projectile lancé par une pièce d’artillerie fournit alors l’image de l’agent lumineux projeté par la source. Il faut seulement supposer la trajectoire infiniment tendue. Négligeons la difficulté de concevoir la vitesse de ce prodigieux trajet : elle est inévitable, et le système adverse, des vibrations de l’éther, nous impose une obligation analogue. De quelle nature seront ces projectiles ? Ils ne sauraient être formés de la matière pondérable que nous connaissons. La lumière, en effet, se propage dans le vide. Celle qui nous vient des corps célestes a traversé le vide interplanétaire ; dans nos laboratoires, il en est de même de celle qui traverse le vide expérimental : il est contradictoire de croire que celui-ci puisse être sillonné par des courans de matière pesante. D’ailleurs l’illumination d’un corps n’en augmente point le poids. Il s’agit donc ici d’une matière spéciale, subtile et impondérable, le fluide lumineux, dont les particules sont émises par la source, dans toutes les directions, en ligne droite ; elles traversent tous les corps transparens, se réfléchissent comme des billes sur les surfaces, et se réfractent au contact des milieux différens. Il y en a de diverses couleurs ; groupées en paquet, elles nous sont envoyées ensemble et donnent à l’œil l’impression de lumière blanche ; mais l’artifice du prisme les sépare et nous les révèle dans l’étalement du spectre. Tel est le système de l’émission ; encore appelé système du fluide lumineux, ou théorie du rayon lumineux.

Le système opposé, celui des ondulations, s’inspire, comme nous l’avons dit, du deuxième mode de communication du mouvement, du transport sans matière. La propagation des ondes à la surface de l’eau nous en a donné un premier exemple : la propagation du son dans l’air en est un second. Dans celui-ci ce