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Le mot d’avortement est le seul qui convienne à la tentative de M. le ministre du Commerce.


Lorsque nous avons écrit notre dernière chronique, les nouvelles trop optimistes transmises par le télégraphe permettaient d’espérer la guérison de M. Mac Kinley. Lorsqu’elle a paru, le président était mort : en quelques heures, son état avait empiré, puis était devenu désespéré, et le dénouement se produisait enfin avec une rapidité foudroyante. Nous nous contenterons aujourd’hui d’enregistrer la mort de M. Mac Kinley, dont le nom vient s’ajouter au martyrologe déjà long des chefs d’État. On sait déjà quelle carrière politique il a si honorablement remplie ; le coup de pistolet qui l’a tué a consacré sa figure pour la postérité, en lui donnant quelque chose de plus noble et de plus touchant. L’émotion a été extrêmement vive dans le monde entier : les États-Unis peuvent y voir une marque de l’intérêt qu’ils inspirent. Cependant, nul n’a pensé que la subite disparition d’un homme très estimable et d’un bon citoyen fût de nature à porter atteinte aux destinées d’un grand pays. Le successeur de M. Mac Kinley était désigné d’avance. M. Roosevelt a prononcé avec émotion le serment d’usage, et a promis de suivre fidèlement la politique du président défunt. Nous avons dit ce qu’avait été jusqu’à ce jour M. Roosevelt ; nous n’y reviendrons pas. Il est populaire, il est aimé, on attend beaucoup de lui. C’est à peine si le mandat qui lui échoit d’une manière inopinée et tragique a été entamé par M. Mac Kinley, qui était entré pour la seconde fois en fonctions au mois de mars dernier, de sorte que M. Roosevelt aura trois ans et demi de présidence à parcourir, et peut-être davantage, puisqu’il peut être réélu. En France, où l’analogie des institutions politiques et plus encore des souvenirs de gloire commune nous rattachent plus étroitement aux États-Unis, l’épreuve qu’ils traversent a provoqué la sympathie la plus profonde.


FRANCIS CHARMES.

Le Directeur-Gérant, F. BRUNETIERE.