Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 5.djvu/831

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

expliqués l’évolution phonétique du mot, son mode de formation et quelques autres particularités. Pour que ce plan excellent fût parfaitement exécuté, il aurait fallu que le Traité fût fait quand le Dictionnaire aurait été terminé en manuscrit, et que le Dictionnaire ne commençât à s’imprimer qu’une fois le Traité achevé, au moins dans les deux parties auxquelles se réfèrent les renvois, le « Matériel des mots » et l’ « Histoire de la prononciation. » Mais, — et cela se comprend facilement, — Darmesteter n’avait pas procédé ainsi. Il avait tracé les grandes lignes de ces deux parties du Traité, et, par un travail considérable, en avait numéroté tous les paragraphes, mais très souvent sans les rédiger ; puis il avait muni les mots de numéros renvoyant pour chacun de leurs élémens à ces cases toutes préparées, mais en partie vides, et il ne les en avait pas tous, à beaucoup près, munis. Quand on rédigea définitivement le dictionnaire, il fallut revoir et compléter ces renvois : il est facile d’imaginer quelles incertitudes et quelles inconséquences devaient résulter d’un pareil mode de travail. M. Sudre s’est tiré à merveille de la plupart des difficultés ; l’accord entre la partie étymologique du dictionnaire et les deux premiers livres du Traité est, grâce à lui, aussi complet qu’il pouvait l’être, et forme un ensemble des plus précieux où le contrôle mutuel des cas isolés et des règles générales, tel que l’avait conçu Darmesteter, est à peu près réalisé. En eux-mêmes, ces deux livres présentent un tableau clair et, en général, tout à fait satisfaisant de la phonétique historique du français et de la façon dont il a formé et forme encore des mots nouveaux.

Les deux derniers livres du Traité, les « Formes grammaticales » et les « Notes de Syntaxe, » n’ont pas avec le corps du dictionnaire un lien aussi étroit que les deux premiers : les articles n’y renvoient pas. M. Sudre était donc ici plus à l’aise : il n’avait qu’à donner, pour ces parties, une forme nouvelle et plus scientifique à la Grammaire historique qu’il avait revue. C’est ce qu’il a parfaitement exécuté. L’ensemble de l’ouvrage fait honneur à celui qui l’a révisé et terminé, comme à celui qui l’a conçu. Mais cette œuvre s’éloigne trop du travail proprement lexicographique pour que je l’examine ici.

En résumé, le Dictionnaire général, flanqué du Traité de la formation de la langue française qui le complète, le contrôle et l’explique, est un manuel lexicographique auquel il ne manque