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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 5.djvu/868

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générales, des transitions toutes rédigées en prose oratoire, coupent donc d’une manière souvent très heureuse la trame poétique du récit. Aussi les Promenades du Dimanche reçurent-elles l’accueil qu’elles méritaient auprès de tous les amis sincères de la nature et de la campagne, car on respire en ces pages un air sain et parfumé qui vivifie, et les fleurettes des champs y sourient de loin au lecteur, comme elles ont salué de près leur interprète et leur fervent adorateur.

En 1893, Christian Wagner fit imprimer un nouveau recueil de poésies, les Présens votifs, qu’il faut considérer comme un écho affaibli bien qu’agréable encore de ses gracieuses mélodies du Dimanche. — Quant au petit volume publié en 1894 sous le nom de Foi nouvelle, il est plus significatif par son titre que par son contenu, car il n’offre guère qu’une série d’extraits des précédons ouvrages, présentés cette fois par demandes et réponses, et affectant ainsi la forme d’un catéchisme dogmatique. C’est la proclamation officielle faite par le poète de ses prétentions au rôle de fondateur de religion. Nous le verrons en étudiant la doctrine de Wagner, cette prétendue « foi nouvelle » est une prédication de la parenté de tous les êtres, de leur unité intime, et, en conséquence, de la paix, de l’amour universel, de la bonté, du renoncement personnel. Les intentions de ce catéchisme sont donc excellentes sans aucun doute, mais on y sent comme une sorte de déviation dans le sûr instinct poétique du cultivateur de Warmbronn, car les inspirations spontanées et sincères que nous connaissions déjà ne gagnent pas à être classées, avec une apparence de méthode, dans le cadre d’un système sentimental, qui demeure bien insuffisant aux yeux de la raison. Sur les lèvres d’un prédicateur dogmatique, certains préceptes excessifs appellent invinciblement la contradiction que nul ne songeait à leur opposer sur la lyre d’un poète des champs. On reconnaît davantage les lacunes qui subsistent en ce prétendu corps doctrinal ; on résiste à des effusions naïves qui nous avaient séduit dans leur décor rustique. Idylles pénétrées des sains parfums de la campagne, variations aimables et imprévues sur de très vieux thèmes de morale populaire, soit ; mais Foi nouvelle, c’est trop prétendre vraiment, et l’on prend, pour cette fois, congé du paysan-poète avec une certaine déception.

Cette impression s’accentue malheureusement à la lecture du