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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 5.djvu/870

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visiteur, est tout d’abord timide et hésitante, puis l’assurance revient peu à peu ; la volonté et la pensée marquent leur empreinte sur les traits mobiles, dont l’aspect traduit enfin une sorte d’exaltation et d’inspiration prophétique. » L’homme est ainsi tout à fait en harmonie avec son œuvre.

Nous allons étudier successivement en lui le poète, créateur de mythes champêtres, qui demeurent fort agréables à lire, quand bien même on se refuserait à y voir les premiers matériaux de l’édifice religieux qui abritera les générations de l’avenir. Puis le philosophe, trop docile aux leçons de la nature, et aux séductions de la matière, chez qui nous retrouverons, sous toutes ses formes, l’obsession de la métempsycose. Enfin, le moraliste extensif, disciple de l’Inde bouddhique, et prophète d’une loi d’amour universel où les tendances mystiques de son âme trouveront libre carrière. Doctrine séduisante, et qui porte l’accent du cœur, mais n’est pas sans susciter, par ses excès mêmes, une réaction involontaire du bon sens, effrayé devant les conséquences d’effusions sentimentales dont il n’aperçoit que trop le danger.


ERNEST SEILLIERE.