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LES
FOUILLES DE PRIĚNE

Peu de régions offrent aux explorations archéologiques un champ plus riche que les côtes occidentales de l’Asie Mineure. Depuis le promontoire rocheux de la presqu’île de Cnide jusqu’à l’Hellespont, le littoral de la Grèce asiatique est comme jalonné par remplacement de villes antiques. Autour du golfe de Smyrne et du golfe Latmique étaient groupées les opulentes cités de l’Ionie où la civilisation grecque est née, s’est développée au VIe siècle dans une belle floraison, et a repris une étonnante vitalité sous les successeurs d’Alexandre. Aussi l’attention des archéologues est-elle plus que jamais tournée de ce côté. On ne se contente plus, comme autrefois, de voyages, de fouilles sommaires, de coups de main rapides pour découvrir et enlever des monumens d’art. On est entré dans la période des explorations patientes, suivies et poussées à fond. Les missions savantes se sont pour ainsi dire partagé le terrain. Les fouilles de Didymes, commencées par O. Rayet et l’architecte Thomas, reprises par MM. Haussoullier et Pontremoli, sont la part de la France. Les Autrichiens ont pris possession d’Ephèse. Les Allemands, après l’heureux succès remporté à Pergame, se sont établis à Priène, et ont commencé les fouilles de Milet.

Les résultats féconds d’une méthode de recherche qui tend à dégager de grands ensembles se sont fait sentir à Priène. On connaissait de longue date l’emplacement de la ville, une des douze cités fédérales fondées en Asie Mineure par les Ioniens,