ces noms celui du ministre de la Police lui-même. Sur cet aveu, Dubois rédigea un rapport qui tournait en acte d’accusation contre son chef immédiat. Fouché surpris, mais non déconcerté, présenta un contre-rapport. Cambacérès examina par-dessous main l’attaque et la défense ; bref, ministre et préfet demeurèrent en place. Les « républicains » payèrent pour tous, puisqu’on les oublia en prison. Malet ne devait sortir de captivité que pour tenter l’audacieuse entreprise où il succomba en 1812.
Si maintenant nous regardons du côté des « hommes d’autrefois, » Fouché nous apparaît tout autre. Ici, son indulgence, si fréquente qu’elle soit, constitue toujours une faveur personnelle. De même qu’il voyait dans les jacobins des amis quand même, il voyait dans les nobles et les prêtres des ralliés, c’est-à-dire des suspects quand même.
Lors du Concordat, il n’avait pas assisté sans appréhension à la rentrée du clergé dans la vie publique. S’il n’en était plus à traiter la religion comme un fléau, il s’en tenait pour elle à cette estime dédaigneuse qui la fait accepter comme auxiliaire de l’Etat et instrument de règne. Les prêtres constitutionnels, parmi lesquels il comptait des amis, suffisaient à sa conception essentiellement politique et utilitaire de l’action religieuse sur le peuple. Il entrait donc à cet égard dans les vues intimes du Premier Consul et, pour son compte, il interpréta le Concordat dans un sens rigoureux à l’égard des anciens réfractaires, favorable à l’égard des anciens assermentés. On a souvent cité sa circulaire ironique et hautaine aux évêques : « Il y a plus d’un rapport entre vos fonctions et les miennes… » C’était devancer les comparaisons audacieuses de Napoléon : « Je suis théologien autant et plus qu’eux… Un archevêque, c’est un bon préfet de police. » Il lui convenait de ne pas distinguer entre l’apostolat et l’intolérance, là où il croyait saisir la moindre trace d’hostilité aux hommes et aux lois de la dévolution, témoin le silence imposé à l’abbé Frayssinous à Paris et aux missionnaires en province.
Résigné à la liberté des cultes, il ne l’était nullement, en ce qui concernait l’Eglise, aux autres libertés dérivées de la Déclaration des Droits, mais demeurées suspectes aux premiers fondateurs de l’Etat moderne. Il déniait au clergé le droit d’association et celui d’enseignement, en d’autres termes, la faculté d’entretenir des congrégations régulières à côté des prêtres séculiers et de participer à l’éducation de la jeunesse. Il avait publié,