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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 6.djvu/437

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communauté de race, et celui, tout aussi important, que représente l’émigration péninsulaire vers l’Amérique latine. On estime déjà à un million environ le nombre des Espagnols fixés dans les anciennes colonies ; et, comme les provinces maritimes de la péninsule continuent de fournir un très fort contingent à l’émigration, on espère, en Espagne, pouvoir maintenir un certain degré de cohésion dans l’ensemble de cette race espagnole, qui, par le nombre, ne le cède qu’aux Anglo-Saxons et aux Slaves. De cette manière, les rapports économiques se développant à la faveur de la cohésion politique et morale, les Républiques latines du Nouveau Monde pourraient devenir, pour leur ancienne métropole, sinon aussi « historiquement sacrées » que Cuba et les Philippines, du moins aussi « politiquement nécessaires et économiquement utiles. » Telle semble bien être l’idée dominante des promoteurs espagnols du rapprochement hispano-américain.


II

Comme on l’a fait remarquer au cours du Congrès de Madrid, la politique qu’avait adoptée l’Espagne à l’égard de ses anciennes colonies, après qu’elles se furent émancipées, avait créé dans l’Amérique latine un état d’esprit en apparence peu favorable à ce rapprochement. Tandis que l’Angleterre et le Portugal, acceptant les faits accomplis, n’avaient pas tardé à renouer des relations officielles avec leurs anciennes dépendances devenues États indépendans, — ce qui avait eu pour conséquence la reprise des relations particulières, sociales et économiques, — l’Espagne, plus sentimentale que pratique, avait boudé pendant trop longtemps ceux qu’elle considérait comme des fils ingrats. Ainsi s’étaient perpétués, des deux côtés de l’Atlantique, des préjugés qui avaient contribué à éloigner l’une de l’autre les deux branches de la grande famille espagnole. Cependant, la raison ayant fini par l’emporter sur le ressentiment, elles avaient compris la nécessité de rétablir entre elles des rapports, sinon encore cordiaux, du moins réguliers et normaux.

Le 28 décembre 1836, fut conclu le traité de paix et d’amitié par lequel l’Espagne reconnaissait le Mexique comme État indépendant. Quelques questions étant restées pendantes entre les contractans, le traité de 1836 fut complété par des arrangemens