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L’AVENIR AGRICOLE
DE
MADAGASCAR

Aujourd’hui que Madagascar fait partie de notre domaine colonial, et que nous sommes en pleine possession de cette île qui nous a coûté de grands sacrifices, que la pacification peut être regardée comme complète, et que presque toutes les régions sont accessibles au colon européen, le moment est venu de nous rendre compte de la valeur de notre acquisition.

L’ile de Madagascar a une surface qui est sensiblement supérieure à celle de la France. Elle est située dans une région où les conditions de climat sont, en général, favorables au développement végétal, et l’idée de l’utiliser pour la culture se présente avec des apparences séduisantes.

Elle a été appréciée très différemment par les voyageurs qui l’ont parcourue, et même par ceux qui y ont fait de longs séjours, et représentée tantôt comme ne contenant en majeure partie que des terres impropres à la culture, tantôt comme offrant, au contraire, de grandes ressources. La tendance des colons est souvent d’adopter les opinions les plus favorables, et ils peuvent se préparer ainsi de grandes déceptions.

La valeur agricole d’un pays neuf doit être examinée sans idées préconçues, sans cet enthousiasme qui porte aux actions irréfléchies. Elle ne dépend qu’en partie des efforts que l’homme peut y développer, mais bien plus d’un ensemble de conditions qui doivent être déterminées par des recherches positives.