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Nous étudierons successivement les conditions qui sont les facteurs essentiels de la prospérité d’un pays, en mettant à contribution les observations personnelles de M. Alfred Grandidier, le Guide de l’Immigrant, publié sous la direction de ce savant éminent, à la demande du général Gallieni, la Revue de Madagascar, et surtout les renseignemens que nous ont fournis MM. Prud’homme, chef du service de l’Agriculture, et le commandant Dubois, de l’Etat-Major du Gouverneur général.

Nous passerons ainsi en revue le climat, et, en particulier, la température, l’abondance des pluies, l’intensité des perturbations atmosphériques ; la disposition topographique, qui influe sur la possibilité de la mise en culture et qui règle l’utilisation de l’eau ; les moyens de communication, d’où dépend la facilité de l’approvisionnement et de l’écoulement des produits ; la possibilité de se procurer la main-d’œuvre ; la nature du sol, c’est-à-dire sa teneur en principes fertilisans et son aptitude à se prêter aux façons aratoires.


I

L’ile de Madagascar est située dans l’hémisphère Sud de l’Océan Indien, à environ 12 000 kilomètres de la France. Sa plus grande longueur est de près de 1 600 kilomètres, sa largeur moyenne de 430 kilomètres. Elle a une superficie de 600 000 kilomètres carrés, un peu plus grande que celle de la France, de la Belgique et de la Hollande réunies. Sa population est d’environ 5 millions d’habitans, soit 8 habitans par kilomètre carré ; celle de la France étant de 71 habitans par kilomètre carré, Madagascar est donc neuf fois moins peuplée que la Métropole. Les côtes présentent un développement de 5 000 kilomètres, chiffre relativement faible, car elles sont peu découpées. C’est un pays de hauts plateaux qui se terminent à l’Est par des pentes très rapides et à l’Ouest par des plaines étendues.

Madagascar est situé dans la région tropicale, caractérisée par deux saisons bien tranchées, l’une sèche et relativement fraîche, l’autre chaude et humide. Mais l’île n’offre pas une homogénéité telle que l’on puisse appliquer à l’ensemble de son territoire la même appréciation. Le pays étant très montagneux, les altitudes très diverses modifient considérablement la température et le régime des eaux.