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La graine de ricin, qu’on récolte dans la plus grande partie de l’île, et qui trouve un débouché sur le marché de Londres, peut aussi devenir l’objet d’une culture d’une certaine importance.

L’exploitation des quinquinas, dont la culture sera possible dans la zone forestière du versant oriental, jusqu’à une altitude de 1 200 mètres, présente aussi de l’avenir, si l’on s’adresse aux cinchona à haut rendement, comme on le fait à Java. C’est l’emploi des plants de quinquina riches en alcaloïdes, obtenus par sélection, qui a ruiné les cultures de quinquina ordinaire de Ceylan, et qui a rendu les Hollandais maîtres du marché de la quinine.

L’avenir agricole de Madagascar semble donc devoir résider principalement dans la culture des plantes tropicales, pour lesquelles il faut le plus souvent engager des capitaux assez importans, mais qui sont susceptibles de donner des résultats très rémunérateurs. Dans les parties chaudes et humides, et principalement sur les côtes, la plupart des plantes tropicales pourront prospérer. Le café, le cacao, la vanille, forment des denrées dont l’écoulement est facile, et qui laissent des bénéfices. C’est de l’extension de leur culture que dépendra surtout la prospérité de l’île.


De ces observations, on peut conclure que l’île, prise dans son ensemble, n’est pas destinée à devenir un pays de colonisation agricole intensive, mais que, cependant, beaucoup de points offrent des ressources pour l’établissement de cultures fructueuses.

En effet, les immenses surfaces occupant les mamelons de la région centrale ne sont pas propres à être exploités, et il convient de ne pas y porter ses efforts. Elles doivent être laissées dans la période pastorale et forestière, où l’homme tire exclusivement parti de la végétation spontanée. Les pâturages qui y existent pourront nourrir quelques troupeaux et les forêts devront être soigneusement conservées par une exploitation judicieuse. Dans cette vaste région, qui occupe la majeure partie de l’île, les vallées seules sont susceptibles de se prêter à l’exploitation agricole, qu’on peut encore développer par l’aménagement des eaux, qui y sont abondantes. Les cultures qu’on y établira seront surtout destinées à la consommation indigène et c’est sur