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L’HISTOIRE A VERSAILLES

LA TRAGÉDIE[1]

Reprenons notre promenade dans l’appartement du Dauphin. Nous l’avions arrêtée au seuil du dernier salon, celui qu’on pourrait appeler le salon d’attente de la Révolution. Presque tous les portraits appendus dans cette pièce ont été peints entre 1774 et 1789. Après cette date fatidique, l’appel des condamnés se fait là-haut, sous les combles du Château. Pour compléter la série, pour revoir ces princes enfans ou adolescens dans la suite mouvementée de leurs destinées, il faut monter aux attiques du Nord et du Sud ; de préférence, à ce dernier, où sont réunis les acteurs et les témoins de la Révolution. On ne saurait trop engager le visiteur à gravir en sortant d’ici les deux escaliers qui le conduiront de ces limbes au sommet du calvaire royal. Là-haut, et dans les autres parties du Château, — salles de l’Empire, de la Restauration, — il retrouvera ces figures juvéniles sous les masques tragiques qu’elles porteront plus tard ; il suivra sur leurs traits les péripéties du drame dont il aura vu planer la menace obscure au-dessus des têtes dévouées à la Némésis.

Aujourd’hui, pour la commodité de notre causerie, nous ne tiendrons pas compte de l’ascension qui s’impose à nos personnages après 1789 ; nous irons parfois demander à ceux de l’attique l’épilogue d’une vie qu’ils auront commencé de nous narrer dans la compagnie du rez-de-chaussée.

  1. Voyez la Revue du 1er novembre.