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science avec la science même. C’est ce que nous avons essayé naguère de montrer, en entretenant nos lecteurs de l’osmose, de la cryoscopie et de la tonométrie. Nous voudrions, aujourd’hui, examiner, au même point de vue, les notions acquises depuis quelques années sur les rayons cathodiques, sur les rayons de Röntgen et sur la radio-activité de la matière.


I

Le nom de rayons cathodiques a été proposé, en 1883, par le physicien allemand bien connu, Wiedemann, qui venait d’en faire l’étude. Mais l’objet de cette appellation n’était pas nouveau. Les rayons cathodiques avaient donné lieu, quelques années auparavant, à des expériences retentissantes de la part d’un savant anglais, W. Crookes sur qui, déjà, d’autres recherches originales avaient depuis longtemps attiré l’attention. Les belles expériences de Crookes, promenées par leur auteur à travers l’Europe, avaient eu pour témoins non seulement la plupart des physiciens, mais le grand public lui-même. Présentés lors du congrès de Sheffield, en 1879, aux membres de l’Association Britannique ; reproduits, en 1880, à l’une des soirées solennelles de l’Association française, à l’Observatoire de Paris, ces phénomènes nouveaux et si brillans avaient provoqué un véritable enthousiasme. Crookes les attribuait à un état particulier de la matière, qu’il appelait l’état radiant. Les rayons cathodiques ne sont autre chose que la matière radiante électrisée. Le savant anglais faisait jouer un rôle considérable à ce quatrième état de la matière : il croyait — et d’autres crurent avec lui, — qu’il venait d’ouvrir des voies nouvelles à la science.

Cette espérance fut trompée, ou tout au moins ajournée pour assez longtemps. Il a fallu attendre, quinze ans plus tard, la découverte des rayons X, — liés, comme on le verra tout à l’heure, aux rayons cathodiques, — pour ramener sur ceux-ci l’attention du public scientifique. Toutefois, les chercheurs n’avaient pas abandonné cette piste nouvelle. Ils la suivaient avec persévérance dans le silence des laboratoires. Et parmi ces travailleurs zélés, il faut citer, au premier rang, le physicien allemand Hittorf. C’est à lui que revenait, en définitive, l’honneur de la découverte des rayons cathodiques. C’est lui qui, le premier, — dix ans avant W. Crookes, — en avait signalé l’existence. En bonne justice, ces