et Mme de Glapion avec lesquelles elle jouait au piquet ou au trictrac en s’enfermant. Puis, un scrupule lui vint sur ce mystère. « On pourrait croire, dit-elle, que nous nous enfermons pour faire quelque chose de bien. Ne soyons pas hypocrites, » et elle cessa de fermer sa porte, non sans demander cependant à l’évêque de Chartres si elle pouvait faire jouer une religieuse aux cartes. Jusqu’à la fin, elle conserva l’esprit aimable et enjoué, et la vieillesse ne se fit point sentir chez elle, sauf par une certaine défiance et crainte d’ennuyer la jeunesse, sentiment dont, à un certain âge, il est bien difficile de se défendre. Elle craignait aussi de tomber en enfance. « Elle me disait en riant, raconte Mlle d’Aumale : « Avertissez-moi, je vous prie, quand la tête me branlera et que je radoterai. Je m’imagine qu’on dit de moi : Si vous voyiez comme elle vous raisonne encore, comme elle vous écrit ferme. Je vous avoue que je trouve cela fort désagréable. J’aime mieux me passer de cette admiration. » La pensée de sa fin prochaine ne l’effrayait point. Comme Mlle d’Aumale lui faisait part un jour de l’appréhension qu’elle ne pouvait s’empêchait de ressentir à la pensée du jugement dernier : « Pour moi, lui répondit-elle, après toutes les grâces dont Dieu m’a comblée, je ne puis croire que je serai damnée. » Aussi vit-elle venir la mort avec courage et résignation. Quand elle se sentit atteinte : « Il n’y a plus rien à faire, ma fille, dit-elle à Mme de Glapion, que de prier Dieu qu’il épargne à mon impatience les grandes douleurs. » Ces douleurs lui furent épargnées, et elle s’éteignit doucement. La mort n’altéra point ses traits, qui reprirent, comme il arrive souvent, quelque chose de leur ancienne beauté. « Elle avait l’air, dit Mlle d’Aumale, d’une personne qui dort tranquillement. Son visage paraissait plus beau et plus respectable que jamais. » La douleur des dames et des demoiselles de Saint-Cyr lui fit des funérailles dignes d’elle. Son corps fut embaumé, pour être déposé dans la chapelle. On avait pensé l’ouvrir, comme cela se faisait souvent alors, pour en retirer le cœur, et le transporter ailleurs, mais, au dernier moment, on n’en eut pas le courage. « On aima mieux, dit Mlle d’Aumale, posséder dans le même endroit le trésor tout entier. »
Après la mort de Mme de Maintenon, il devient plus difficile de suivre l’existence de Mlle d’Aumale, sans que cependant nous la perdions complètement de vue. Dangeau nous dit qu’un logement