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deux côtés, il fallait donc travailler à l’aveugle, ou plus exactement laisser s’engager les autres puissances avant de prendre soi-même position.

Il faut rendre cette justice à celui des délégués allemands qui présidait la commission, M. Hauchecorne, qu’il ne chercha pas à étendre le problème de la salubrité des mines et à poursuivre, sous le prétexte plus ou moins spécieux de l’hygiène, la limitation générale de la journée de travail. Il rappela que l’insuffisance d’aérage, la chaleur due à la profondeur ou aux incendies des galeries, l’air comprimé ou le voisinage de l’eau sont des causes de danger particulier pour les ouvriers, et il cita l’exemple de la Westphalie, où les mineurs ne doivent pas travailler plus de six heures par jour lorsque la température atteint 29 degrés. L’Espagne fit constater qu’ici à cause des émanations mercurielles, là pour excès de chaleur souterraine, des précautions analogues ont été prises, mais toujours pour raisons spéciales à une exploitation déterminée. La Belgique observa que c’est principalement aux ingénieurs de l’État qu’il incombe d’assurer la sécurité et la salubrité des travaux souterrains et qu’il suffit de les armer des pouvoirs nécessaires pour prescrire les mesures utiles. L’Autriche essaya bien de provoquer la restriction de la journée de travail « dans les mines ou chantiers offrant des dangers particuliers pour la santé ; » mais, devant les objections des Anglais, des Belges et des Français contre une formule aussi compréhensive, on se mit unanimement d’accord sur le texte suivant : « Il est désirable que, dans les cas où l’art des mines ne suffirait pas pour éloigner tous les dangers d’insalubrité provenant des conditions naturelles ou accidentelles de l’exploitation de certaines mines ou de certains chantiers de mine, la durée du travail soit restreinte. Le soin est laissé à chaque pays d’assurer ce résultat par voie législative ou administrative, ou par accord entre les exploitans et les ouvriers, ou autrement, selon les principes de la pratique de chaque nation. »

Cet incident constituait une victoire de principe pour ce qu’on pourrait appeler le parti de la résistance, au sein de la Conférence, la phrase finale de ce vœu excluant toute idée de contrainte ou de contrôle international. Il était d’un mauvais présage pour les visées de l’Allemagne en ce qui concernait les moyens d’assurer la continuité de la production du charbon. On avait attaché d’autant plus d’importance à la régler d’une manière