C’est un des caractères de notre temps de s’intéresser aux œuvres d’imagination, à toutes les manifestations de l’art, de la jeunesse et de la beauté et, au milieu des graves soucis de l’heure présente, c’est toujours une heure agréable que celle qui se passe à feuilleter ces livres illustrés, où l’on a quelque plaisir à comparer les différentes manifestations de l’esprit humain et dont quelques-uns, dans une forme bien française, expriment des pensées vraies, fines, morales, généreuses, et sensées.
Si les ouvrages de luxe deviennent de plus en plus rares depuis quelques années, tandis que la crise qui sévit sur la librairie fait sentir ses effets jusque sur la production des livres d’étrennes, si la quantité des ouvrages de vulgarisation à bon marché a souvent remplacé la qualité des publications d’autrefois, quelques-uns font encore honneur à leurs éditeurs qui entretiennent soigneusement la tradition du beau. De ce nombre, quel plus magnifique spécimen pourrait-on citer que le livre de Mme Maria Star : Ames de chefs-d’œuvre[1], qui prouve que le culte de l’art pur a gardé encore des fidèles, que certaines terres que l’art a consacrées, les musées d’Europe, les églises, qui conservent leurs merveilles, seront toujours le but des pèlerinages véritables de tous ceux pour lesquels il n’est d’autre plaisir que le plaisir esthétique ? C’est ce plaisir qu’au retour de ses voyages en France, en Espagne, en Italie, en Angleterre, en Allemagne, en Autriche, en Hollande, en Grèce, en Égypte, l’auteur a voulu faire partager à tous ceux qui n’ont pu contempler de leurs yeux tous ces chefs-d’œuvre dont la vision hantait son souvenir. Que de merveilles évoquées dans ces héliogravures d’une exécution irréprochable ! Tous les genres de la beauté y sont représentés. A côté de telle sculpture assyrienne du palais de Korsabad, de telle représentation d’Isis et Ramsès exhumée
- ↑ Ames de chefs-d’œuvre, par Mme Maria Star, 1 vol. in-4 » avec 51 héliogravures sur Chine ; librairie Charles Delagrave.