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d’industries que nous entreprenons de réunir. Ou plutôt non : nous n’entreprenons pas seulement de recueillir des monographies d’industries, puisque des monographies ne peuvent être à elles-mêmes leur propre objet ; que notre dessein est. au contraire, de faire concourir toutes celles-ci à un même objet ; et que, par suite, elles se meuvent toutes dans un même plan, elles sont chacune partie d’un même ensemble, et fonction d’un même tout. La formule n’est pas bonne, de dire que ce seront ici des monographies de quelques industries à grande concentration, par rapport, successivement, au travail, aux circonstances du travail, aux maladies du travail, à la médecine du travail. Il est plus vrai de dire, en la renversant, que nous étudierons ici le phénomène social et politique du travail dans l’Etat moderne successivement sous ses quatre aspects : travail en soi, circonstances du travail, maladies du travail, médecine du travail, à propos et sur des exemples tirés de quelques industries, les plus concentrées de l’industrie concentrée : mines, métallurgie, construction mécanique, verreries, filature et tissage. Ce quadruple aspect du phénomène trace le quadruple cadre où viendront s’inscrire, en fragmens ordonnés par matière et à leur rang dans la composition, ces monographies d’industries qui ne sont pas pour elles-mêmes, qui ne valent que comme illustration et démonstration de fait. Tels seront donc les quatre titres de cette enquête ; telle en sera l’ossature, la division fondamentale et en quelque sorte organique.

Après quoi, à propos de quoi et sur l’exemple de quoi, travail, circonstances du travail, maladies et médecine du travail dans les mines, la métallurgie, la filature, le tissage, etc., nous essaierons de généraliser quant au travail, aux circonstances du travail, aux maladies et à la médecine du travail, dans toute la grande industrie concentrée, puis, aux degrés supérieurs, dans l’industrie tout entière, et quant au travail tout entier dans la société et dans l’État modernes. Après quoi encore, comme nous ne voulons pas faire ici de l’art pour l’art, mais de l’art pour la vie, et de la science sociale pour la politique, partout où nous aurons légitimement généralisé, nous tâcherons de conclure, et partout où nous aurons légitimement conclu, nous nous efforcerons d’agir.